C'est probablement un atout pour le pays, à condition qu'elles soient bien utilisées. Je reviendrai sur quelques propositions qui me paraissent fondées, mais il me semble qu'il faut éviter un double écueil typiquement français.
Le premier est le syndrome budgétaire consistant à ne voir dans la santé que des coûts, voire des gaspillages, en adoptant une vision uniforme d'un secteur pourtant particulièrement disparate. À cette aune, la notion, par exemple, de besoins de santé non satisfaits est totalement évacuée, au mépris de toute logique, tandis que les discours enflammés sur la société de l'innovation, de la recherche et de la connaissance demeurent parfaitement incantatoires, face à la concurrence des États-Unis ou des nations émergentes.
Le second écueil, à l'opposé, est la cécité sociale tendant à nier que le déséquilibre durable des comptes, s'il n'est pas traité, finit par peser toujours sur les mêmes, en l'occurrence les assurés modestes et les classes moyennes. Sous l'effet d'économies aveugles, les premiers renoncent aux soins, tandis que les seconds, lassés de payer plus pour recevoir moins, se détournent des systèmes collectifs. Tel est le danger des franchises, pour ne pas parler de leur impact social régressif et de l'extrême complexité de ce système au regard de son rendement.
Je considère pour ma part, comme beaucoup d'autres, que les facteurs de progression des dépenses de santé sont irrésistibles. Il s'agit en effet du progrès technique, mais aussi du vieillissement de la population, car, contrairement à ce que prétendent certaines affirmations péremptoires, je vois mal comment l'allongement de la durée de vie pourrait ne pas avoir de conséquences sur la consommation de médicaments. Notre pays doit sans doute progresser en matière de débat citoyen sur l'agencement des différentes catégories de dépenses publiques. En effet, puisqu'il est question de la richesse nationale, il n'est pas anormal que la société débatte de l'ordre de ses priorités du moment. De même, en matière de santé, il faut scruter plus attentivement le poids respectif des secteurs concernés et examiner leurs interactions.