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Intervention de Jean-Marie Le Guen

Réunion du 23 octobre 2007 à 21h45
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Le Guen :

Vous venez d'inventer, monsieur le ministre, la loi de finances à durée limitée… Il semble que le goût général de cette majorité pour la précarité génère de la précarité budgétaire. Dans trois mois en effet, nous l'avons tous compris, vous serez confrontés non seulement à une crise financière sans précédent, mais aussi, et peut-être pour la première fois, à une véritable crise sanitaire.

Bien sûr, la politique que vous nous proposez est injuste, à l'égard tant des familles que des retraités. Mais ce qui est aujourd'hui en cause est, bien au-delà, une crise profonde de notre État providence, parce que vous n'avez pas su ou pas voulu le réformer à temps. Disons-le clairement dès le début de ce débat : nous savons que nous devons réformer profondément notre système de protection sociale, qui en a besoin tant pour ce qui concerne les retraites, sur lesquelles Marisol Touraine reviendra plus particulièrement, que pour ce qui concerne la santé.

Le vieillissement vient bouleverser le fonctionnement de notre État providence, aussi bien en matière de retraites et de maladie, comme je l'ai dit, que, plus généralement, en matière de travail. Outre les phénomènes liés au vieillissement, notre pays – ou, plus exactement, le monde entier – va connaître une révolution génomique considérable alors que nous n'avons même pas encore tiré dans notre pays les conséquences de la transition sanitaire que nous connaissons. L'avenir de notre système de santé tient aussi à notre capacité à intégrer dans son fonctionnement les nouvelles technologies de la communication, encore balbutiantes de notre pays.

Encore eût-il fallu avoir le courage de mener véritablement ces réformes, en faisant appel à l'effort : nos concitoyens savent qu'il est nécessaire, et ce n'est pas nous qui dirons le contraire. Il nous faudra, dans les années qui viennent, dépenser beaucoup plus pour notre santé, que ce soit sous forme de prélèvements obligatoires – domaine dans lequel nous ne manquerons pas d'appeler nos concitoyens à l'effort – ou de dépenses personnelles en matière de santé. Encore faudrait-il que les Français aient la certitude de voir cet effort intervenir en temps et en heure, et qu'il soit utilisé de façon efficace.

La question et le reproche principal que nous vous adressons pour ce que vous faites aujourd'hui – ou, plus exactement, pour ce que vous ne faites pas – est que, depuis cinq ans, et notamment depuis 2004, où l'occasion vous en était donnée, vous n'avez pas réformé l'organisation de notre système de soins. Dès la discussion préalable de cette réforme de l'assurance maladie, nous vous disions pourtant que l'on ne pouvait se limiter à des réformes prétendant agir sur le comportement des assurés, sans une modification équitable et efficace de l'organisation de notre système de soins. Or nous constatons aujourd'hui, comme vous, que la crise financière est toujours aussi forte, aussi dramatique, et que la lourdeur des déficits accumulés peut nous faire douter de l'avenir de notre système de protection sociale. Dans le même temps, nous observons les premiers éléments d'une crise sanitaire qui va continuer de s'aggraver.

Il est possible de réformer de façon solidaire notre État providence, avec son système de retraites et son système de santé, mais vous mettez en oeuvre, malheureusement, tout le contraire.

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