Nous partageons certains constats mais les analyses du rapporteur spécial procèdent parfois de l'effet de loupe.
La qualité de notre fonction publique est reconnue en France et à l'étranger, c'est un fait. Mais un corps ne saurait assurer seul sa propre évaluation : ce sont les Français qui posent la question de l'évaluation. Le rapport me semble trop centré sur la façon dont l'administration se voit elle-même fonctionner. J'admets que l'époque est anxiogène mais je ne suis pas sûr que l'ensemble de la population porte le même regard sur la norme du non-remplacement. Il y a seize ou dix-sept ans, il y avait un million de fonctionnaires de moins, et pourtant je ne suis pas sûr que l'administration était moins efficace qu'aujourd'hui. Le rapporteur spécial parle de la tentation de supprimer des postes ; il faudrait aussi parler de la tentation de créer des postes par milliers sans évaluation. Il souligne à juste titre l'impact aujourd'hui limité de la politique de diminution mise en oeuvre ; il oublie qu'une carrière de fonctionnaire s'étend sur quarante ans et que la décision de ne pas remplacer un poste porte sur cette durée.
Il faut insister davantage sur la nécessité de reconfigurer l'outil administratif en l'adaptant aux nouvelles technologies et d'analyser les besoins en personnel au regard des besoins nouveaux qui se sont fait jour.
Pour ce qui est de l'intéressement, je ne vois pas d'objection à ce que l'on récompense les personnes qui s'investissent avec passion et efficacité dans les missions de service public.
Le président Didier Migaud a raison : des analyses poussées sont nécessaires et le Parlement devrait se saisir plus souvent de ces questions, en se gardant des postulats et des préjugés et en privilégiant au contraire une approche concrète, technique et prospective.