À partir de ce travail, nous avons pensé qu'il y avait une piste à explorer : face à un jeune motivé qui veut se lancer dans l'apprentissage pour être ingénieur, mais qui n'a pas encore trouvé son entreprise, il fallait se donner une marge de souplesse.
Jean-Paul Anciaux et Claude Goasguen notamment, mais aussi, dans l'opposition, Jean-Patrick Gille, ont exprimé des craintes sur le risque d'avoir au sein de l'apprentissage des étudiants qui n'ont pas d'entreprise et qui vont suivre pendant trois mois une formation purement théorique. Cela pourrait dénaturer l'esprit de l'apprentissage. Nous avons été sensibles à cet avertissement. Nous avons travaillé conjointement avec Jean-Paul Anciaux, Gérard Cherpion, Pierre Méhaignerie, Claude Goasguen et pris en compte les remarques qu'ils avaient exprimées lors de la CMP pour revenir à un dispositif expérimental. S'il y a une fenêtre à ouvrir, il ne faut pas qu'elle débouche sur une fragilisation de l'apprentissage dans la durée.
Quatre points ont donc été fixés. D'abord, le dispositif repose sur le volontariat. Seuls les CFA qui le souhaitent le feront. Il est hors de question de leur imposer de prendre des étudiants et de tirer l'apprentissage vers le bas. Ensuite, la période est réduite de quatre mois, ce qui était sans doute trop long, à deux mois. Ce délai permet d'avoir une souplesse suffisante, notamment en période de crise. De plus l'expérimentation est précisément limitée à cette période de crise : ces deux mois supplémentaires sont le moyen de sauver beaucoup de jeunes qui, sans cela, resteraient sur le carreau. Enfin, une évaluation conduite avec les parlementaires – deux députés, deux sénateurs – doit permettre de dresser le bilan de l'expérience. Si celle-ci est concluante, si elle a permis de passer à une autre dimension de l'apprentissage en le sortant du carcan d'un mois et demi, on la poursuit. Si, à l'inverse, elle n'a pas permis de trouver une place en entreprise aux jeunes qui ont choisi l'apprentissage, on l'arrête et elle aura simplement eu son utilité dans la période de crise.