Je veux cependant rappeler que nous sommes plusieurs à avoir lutté, pendant de nombreuses années, pour que l'apprentissage sorte du mépris dans lequel le tenait souvent l'enseignement général, voire l'enseignement technique. Aller en apprentissage, dans les années cinquante, c'était le constat d'une faillite du système éducatif : on allait en apprentissage parce qu'on ne pouvait pas aller ailleurs.
Nous avons réussi, après vingt ans de batailles, à faire de l'apprentissage une filière noble de l'enseignement. Et cette filière noble, nous y tenons, car elle repose sur un élément essentiel : la relation privilégiée de l'enseignement avec le secteur économique. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes battus avec ardeur pour que les CFA ne redeviennent pas les centres d'apprentissage qu'ils étaient jadis.
L'amendement que vous proposez permet de réduire la période pendant laquelle l'étudiant, à la recherche d'un employeur, sera dépourvu de contrat d'apprentissage. Ce laps de temps nous inquiète parce que si l'on en abuse, c'est le retour au chiffrage, à la pratique de l'apprentissage décalé.
Nous vous faisons donc confiance sur deux points essentiels : la qualité des institutions de formation, et une vigilance impitoyable sur la qualité de l'apprentissage. Ainsi le texte, en cette période de crise, vous donne des responsabilités. Il n'est d'ailleurs pas définitif : la formation professionnelle évoluera encore. Et, pour vous dire mon sentiment, j'espère qu'elle sera à nouveau décentralisée, comme c'est le cas dans tous les pays d'Europe. Nous acceptons cette parenthèse liée à la crise de l'emploi, mais nous souhaitons en revenir le plus rapidement possible à une décentralisation assumée car, pour faire plaisir aux présidents des régions, nous sommes profondément attachés à la décentralisation régionale.
Cela ferait beaucoup de peine à Pierre Méhaignerie, à Jean-Paul Anciaux, à Gérard Cherpion si nous leur disions que nous avons voulu attenter au pouvoir des régions. Loin de moi cette idée : je reste persuadé que l'avenir de la formation professionnelle est inséparable d'une vraie décentralisation définie en concertation avec l'État et les partenaires sociaux.
Pour cette raison, et parce que nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle, le groupe UMP votera et l'amendement du Gouvernement et le projet de loi. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)