Ces unités médicales, dont nous demandons que les effectifs soient renforcés, pourraient prévenir les actes suicidaires et aussi seconder les surveillants dans la détection de sujets à risque. Elles pourront également assister les surveillants eux-mêmes, qui affrontent des conditions de travail souvent dures. Ainsi le suicide d'un des détenus constitue, pour eux, un véritable drame dont ils doivent pouvoir évacuer le stress. Un établissement pénitentiaire a aussi besoin que ses surveillants soient équilibrés. Au moins ceux-ci peuvent-ils se flatter du fait que, par rapport au nombre de suicides réussis – quel que soit ce nombre, il est regrettable –, bien des gestes suicidaires n'ont pas abouti grâce aux surveillants et à l'organisation des établissements.
En troisième lieu, le placement en quartier disciplinaire accroît aussi la vulnérabilité du détenu. S'il n'est pas question de proposer l'abandon de cette formule, du moins peut-on tenter de faire qu'elle n'aggrave pas une dépression existante. On a fait l'expérience de placer des postes de radio dans ces cellules. Ce simple outil de communication, s'il ne rompt pas l'isolement, atténue le sentiment d'abandon que ressent le détenu.
Enfin, instaurer un autre mode de relation avec la famille serait aussi une solution simple. Il faut permettre que le lien familial ne soit pas totalement rompu, et qu'une relation entre les surveillants et la famille puisse s'installer afin que la famille soutienne le détenu à la suite de l'« alerte » que le personnel aura pu lancer.
Vous le constatez, madame la ministre, nous sommes plus dans la mobilisation de moyens humains que de moyens technologiques. Nous rejoignons cette affirmation de votre prédécesseur Robert Badinter : « La prison n'est pas faite pour détruire les êtres humains ».