…donnent à ce nouveau quinquennat l'allure d'une Présidence galopante, qui tranche avec l'inertie de la Présidence précédente.
Il est vrai aussi que l'affirmation décomplexée de vos idées sort des faux-semblants de vos prédécesseurs et favorise la qualité du débat républicain.
Mais, au-delà du style, force est de constater qu'il y a plus de continuité que de rupture dans le programme que vous avez exposé. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, radical et citoyen.)
J'ai relu attentivement la déclaration que M. Raffarin avait faite il y a cinq ans ici même. La revalorisation du travail, la libération des heures supplémentaires, la politique de l'offre, la refondation sociale, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, la remise à niveau des universités, le recul des violences et de l'insécurité figuraient déjà dans la déclaration de politique générale de votre prédécesseur.
Alors, pourquoi ce qui a provoqué l'échec de votre prédécesseur ferait-il votre réussite ? Comment les mêmes idées, les mêmes députés, quasiment les mêmes ministres feraient-ils mieux d'une législature à l'autre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical et citoyen.) Et c'est là le deuxième motif pour vous refuser notre confiance.
Votre discours de vérité continue de se heurter à la contradiction entre les valeurs et les objectifs que vous proclamez et la réalité des actes que vous engagez.
Où est la valorisation du travail quand votre paquet fiscal consiste prioritairement à réduire l'imposition des rentiers et des héritiers ? Que veut dire la récompense de l'effort quand la seule manière d'augmenter son salaire est de faire des heures supplémentaires qui dépendent d'abord du bon vouloir du seul chef d'entreprise ? (« Bien sûr ! » sur plusieurs bancs du groupe socialiste, radical et citoyen.) Que signifie la sécurisation professionnelle quand le contrat unique semble se limiter à l'assouplissement des conditions de séparation entre le salarié et l'employeur ?
Je vous le dis avec une certaine gravité, monsieur le Premier ministre, prenez garde que le choc fiscal n'engendre pas un traumatisme social. (« Oh ! la la ! » sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Votre nouvelle hiérarchie des valeurs comporte trop de manques et de confusions. Assimiler la solidarité à de l'assistanat, comme on l'a entendu si souvent ces dernières semaines, érige non seulement nos compatriotes les plus fragiles en boucs émissaires d'une crise dont ils sont les premières victimes, mais conduit aussi à individualiser la protection sociale. La franchise médicale, qui tend à remplacer la carte Vitale par la carte Bleue…