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Intervention de Hervé de Charette

Réunion du 18 mars 2009 à 11h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé de Charette :

Si la nomination d'ambassadeurs extraordinaires est une bonne idée, je trouve néanmoins que le Quai d'Orsay devrait donner plus de place à la diplomatie parlementaire. Beaucoup de pays utilisent leur Parlement pour faire passer des messages et assurer une présence. Un ministre des affaires étrangères, aussi disponible soit-il, ne peut être partout.

Par ailleurs, j'ai défendu avec succès la création de la Cour pénale internationale à un moment où, à Paris, on y était franchement opposé, y compris à l'Élysée. La création d'une communauté internationale, que certains, à tort, brocardent, dépend des progrès du droit international, y compris en matière pénale. La CPI est donc un élément important, même si son maniement est complexe. L'autorité judiciaire ainsi créée échappe aux pouvoirs publics des nations et elle n'est pas à l'abri d'erreurs. Il n'empêche : notre rôle est de soutenir cette institution jeune, et de ce fait fragile.

Cela ne nous dispense pas, bien entendu, de rechercher des solutions dans le champ qui est le nôtre. Il ne faut pas mélanger les genres. La CPI engage des poursuites, les autorités politiques des pays cherchent des solutions au drame soudanais.

J'en viens à l'opération israélienne à Gaza, qui a abouti – vous l'avez dit – à un échec total et à un malheur épouvantable. Peut-être y a-t-il un peu moins de tirs de roquettes, mais on en reviendra très rapidement à la situation initiale. Je connais bien les impératifs de la diplomatie, ainsi que le poids des uns et des autres dans le monde actuel. Il n'en reste pas moins que la France s'est toujours honorée de tenir un langage fondé, non pas sur le poids des uns et des autres, mais sur la réalité des situations humaines. Franchement, entre Israël et la Palestine, les limites sont en permanence dépassées ! On ne le dit pas assez fortement et les populations concernées, qui attendent de nous un langage de vérité, le ressentent comme une injustice profonde.

Je voudrais enfin faire une proposition. Le territoire de Gaza est une prison à ciel ouvert. Les Égyptiens ne veulent pas ouvrir la porte et les Israéliens serrent le collet chaque fois que cela leur semble nécessaire. Il est très choquant que tout ce qui est destiné à Gaza pour nourrir les populations ou pour reconstruire ce qu'Israël a détruit doive passer par le territoire israélien. C'est une humiliation permanente et une difficulté quasi insoluble. Pourquoi ne pas reprendre l'idée, formulée naguère par l'Union européenne, de l'ouverture d'un port à Gaza ? Les projets sont prêts et la réalisation ne prendrait que quelques mois. Le problème est qu'Israël est convaincu qu'un tel port permettrait l'entrée incontrôlée de marchandises dangereuses pour sa sécurité. L'Europe de la défense ne pourrait-elle pas proposer d'assurer la sécurité de ce port, en garantissant à Israël que rien ne transitera qui ne soit contrôlé par les autorités militaires, policières et douanières mises en place par l'Union ? La création d'un point d'entrée et de sortie, c'est le commencement de la liberté et du développement.

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