Quant aux électeurs, ils sont de moins en moins prisonniers de leurs attaches partisanes. En conséquence, nous avons collectivement le devoir de débattre différemment, et de trouver des compromis sur les grands enjeux du futur.
Permettez-moi d'évoquer un souvenir : lors de la préparation de la réforme des retraites, j'ai fait, en compagnie des responsables de toutes les organisations syndicales françaises, un tour d'Europe au cours duquel tous les acteurs politiques et syndicaux que nous avons rencontrés ont souligné la méthode consensuelle qui avait présidé à la réforme dans leurs pays respectifs. J'ai été marqué par cette capacité à unir toutes les forces pour mieux dégager des compromis. La France a attendu quinze ans avant de réformer ses retraites : quinze ans de rapports, tous convergents ; mais aussi, pourtant, quinze ans d'affrontements politiques ! En sera-t-il de même pour le système universitaire ? Sommes-nous condamnés à nous diviser sur tous les sujets ? Sommes-nous condamnés à ne pas travailler ensemble sur le financement de notre pacte social ? Sur l'évolution de notre système de santé ? Sur la question du vieillissement de la population ? Il ne s'agit pour personne de se déjuger ou de nier ses sensibilités politiques, ni de prétendre que nous serions d'accord sur tout, mais de se mettre au service de l'intérêt général.
Ma troisième conviction s'inscrit dans le droit fil de cette dernière réflexion. Si nous avons réalisé l'ouverture, si nous préconisons une modernisation de nos institutions et une refonte de notre démocratie sociale, c'est pour avoir fait le pari que la France est mûre pour réfléchir et agir d'une autre façon que par le passé. Serons-nous, les uns et les autres, à la hauteur de cette belle ambition ? Cela dépendra de chacun d'entre nous, de notre capacité à débattre sans nous combattre, à nous écouter sans nous invectiver à tout propos.
J'ai écouté avec attention les responsables de l'UMP et du Nouveau Centre. Ils représentent ma famille politique, avec laquelle je partage tant d'engagements, et leur soutien affirmé est pour moi un atout. La majorité présidentielle est unie, et pourtant différentes sensibilités la composent. Je les connais et les respecte. Elles coexistent d'ailleurs au sein même de mon gouvernement, car je les considère comme un atout, comme une richesse. Si l'opposition a des droits, que nous entendons respecter, la majorité a des devoirs, et notamment celui d'être fidèle aux engagements pris devant les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur plusieurs bancs du groupe Nouveau Centre.) C'est pourquoi Jean-François Copé et François Sauvadet ont souligné avec conviction l'urgence des réformes structurelles qu'il nous appartient d'engager ensemble dans les domaines économique, social ou fiscal.
L'opposition, de son côté, a concentré ses interventions sur la rénovation de nos institutions. J'attends ses propositions. Mais le « tout ou rien » est souvent prétexte à ne rien faire.