Enfin, monsieur le Premier ministre, on ne gagnera pas la bataille de l'avenir sans l'école, sans la réforme de l'université, sans la rénovation de notre système éducatif. C'est en effet à l'école que tout commence. C'est là que nous donnons à nos enfants les clés de leur avenir. C'est dire toute l'importance qu'elle mérite même si elle ne peut, à elle seule, corriger toutes les faiblesses, toutes les dérives, toutes les détresses de la société. Donnons-lui les moyens de permettre à chacun de construire son avenir. Réduire l'échec scolaire, faire de l'école un lieu d'excellence pour tous doivent être des priorités nationales. Nous aurons des débats sur ces sujets. Au sujet de la carte scolaire, vous avez entendu, monsieur le Premier ministre, les inquiétudes qui s'expriment en milieu rural sur les conséquences que pourrait avoir son abandon. Il faut expérimenter, évaluer, tout en veillant à garantir la mixité sociale et l'égalité des chances.
S'agissant de l'université, j'ai été surpris d'entendre certains commentateurs évoquer un « premier recul » de la part du Gouvernement. Est-ce un recul que de vouloir écouter ceux qui seront en charge d'appliquer la réforme ? Au contraire, le dialogue engagé a déjà un résultat, puisque la nécessité de l'autonomie n'est plus contestée sur aucun de ces bancs. Faire évoluer les opinions afin de parvenir à une réforme dans un climat apaisé, telle sera aussi l'une de nos exigences premières si nous voulons réussir. En effet, il n'y aura pas de résultat sans dialogue, ni de dialogue abouti sans détermination.
Vous comprendrez, monsieur le Premier ministre, que j'évoque aussi au nom de mon groupe la question de la justice. Le drame d'Outreau, au-delà du douloureux symbole qu'il représente, a révélé les mille et une failles d'un système judiciaire à bout de souffle. Rendre la justice plus accessible, plus compréhensible pour nos concitoyens, renforcer l'instruction et les droits de la défense, rénover les prisons et développer les peines alternatives à la prison, telles sont les réformes utiles à mettre en oeuvre pour parvenir à une justice plus moderne et plus démocratique. Quant à la réorganisation de la carte judiciaire, elle doit mettre l'institution au service de l'objectif poursuivi, et pas seulement permettre de réaliser quelques économies.
S'il est un sujet sur lequel le Nouveau Centre s'engagera fortement, c'est celui de la réforme de l'État, trop longtemps repoussée et ajournée. Il est temps de s'y attaquer, car elle est une étape incontournable pour l'assainissement de nos finances publiques et la réduction de la dette. La réforme de l'État conditionnera le financement des futures réformes : il faudra bien, en effet, retrouver des marges de manoeuvres budgétaires. Cela veut dire se défaire des dépenses inutiles et se concentrer sur les dépenses utiles. Les collectivités territoriales devront participer à cet effort collectif.
Les députés du Nouveau centre, Charles de Courson en particulier, veilleront à ce que l'engagement du Président de la République de parvenir à l'équilibre budgétaire en cinq ans soit respecté. Il serait inacceptable de laisser filer la dépense publique tant la dette handicape l'ensemble de notre économie et crée un climat d'incertitude face à l'avenir. Elle est, pour nos enfants, une charge insupportable, immorale. Rendons l'action publique moins coûteuse et plus efficace. Prouvons que, dans un monde qui bouge, la sphère publique n'est pas la seule à rester immobile.
Nous attendrons aussi beaucoup du Gouvernement sur la question des retraites et de la protection sociale, qui réclame de l'audace et du courage. Il convient, certes, de préserver les bénéficiaires des régimes spéciaux parvenus au terme de leur carrière, car un engagement a été pris envers eux. Mais nous devons le dire aux nouveaux entrants : la justice, l'équité imposent que les efforts soient partagés par tous si nous voulons garantir une retraite minimale pour tous. Cette exigence est la garante de la solidité d'une société. Il est de notre responsabilité, en effet, de rendre cet hommage à tous ceux qui ont travaillé.
Enfin, je ne saurais terminer sans parler de l'Europe. Nous sommes en effet convaincus que la France a besoin de l'Europe…