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Intervention de Jean-Claude Sandrier

Réunion du 3 juillet 2007 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Sandrier :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, à l'issue de ce cycle électoral, le débat démocratique dans les institutions, les entreprises et dans tous les domaines de la vie citoyenne ne s'interrompt pas.

Le suffrage universel s'est exprimé : il a rendu un verdict que nous respectons. Mais nous saurons jouer notre rôle de groupe parlementaire qui entend faire vivre, avec ses différentes sensibilités, la parole des plus humbles, de celles et ceux qui sont victimes des inégalités, de celles et ceux qui refusent des choix destructeurs pour l'avenir, de celles et ceux qui souhaitent le rassemblement plutôt que la division, de celles et ceux qui, parmi les couches moyennes, subissent un recul social continu.

Il est une chose que l'on ne peut passer sous silence, c'est le changement de régime auquel nous assistons, conséquence certaine de la mise en place du quinquennat et de l'inversion du calendrier électoral. Ce qui risque d'être avalisé, c'est l'affaiblissement du Parlement, malgré vos annonces, monsieur le Premier ministre, dont chacun aura noté la timidité. Les députés comme les sénateurs ont pour mission de contrôler l'action du Gouvernement, mais comment faire si la politique de la nation n'est plus ni déterminée ni conduite par celui-ci ?

Cette modification structurelle appelle de la part des députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine – qui rassemble les élus communistes et apparentés, les élus Verts et des élus d'outre-mer – la réaffirmation d'une république nouvelle, démocratique, sociale et participative, s'appuyant sur la reconnaissance de la diversité des sensibilités politiques dans notre pays et sur leur nécessaire représentation à la plus haute instance du pouvoir législatif, c'est-à-dire sur une modification du mode de scrutin, avec l'introduction d'un scrutin totalement ou partiellement proportionnel. (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.) C'est l'un des combats que nous mènerons au cours de la législature qui s'ouvre, en lien avec le nécessaire renforcement du pouvoir de l'Assemblée nationale, alors même que celle-ci devient soumise à l'exécutif et plus spécialement à un homme, du fait qu'elle a été élue immédiatement après l'élection présidentielle.

Durant cette législature, nous n'aurons de cesse de faire respecter notre devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » dans le concret de la vie de nos concitoyens. On nous oppose la mondialisation et ses prétendues contraintes pour justifier le glissement vers un triptyque « libéralisme économique, équité, communautarisme ». M. le Président de la République nous explique ainsi que « l'égalitarisme, c'est l'assurance de l'immobilisme ». Sans doute. Mais je pense qu'il serait plus utile de dire que « l'égalité, c'est l'assurance du progrès de l'humanité ».

Tout ce qui a été engagé au plan international, du sommet européen au G 8, s'inscrit dans ce glissement vers le modèle anglo-saxon. Notre Président dit rejeter la pensée unique ; en fait, il nous propose une terne copie d'un capitalisme écrasant toutes les valeurs qui ne sont pas celles du CAC 40.

Le mini-traité européen, dont nous parlerons plus largement demain, ne met nullement en cause l'indépendance de la Banque centrale européenne. Il bloque les possibilités d'harmonisation fiscale et sociale européennes en instaurant un droit de veto sur ces questions. Il ne régénère pas la préférence communautaire, pas plus qu'il ne jette les bases d'un vrai développement durable. Quand présenterez-vous un bilan des décisions de l'Union européenne ?

Les rencontres internationales des pays les plus riches ne s'attaquent nullement aux causes d'un développement mondial déséquilibré, qui met en péril à la fois la vie de milliards d'êtres humains et la sécurité de la planète. Ce capitalisme financier place les salariés en concurrence, détruit la planète sur laquelle ils vivent, pendant que les décideurs festoient ensemble à la bonne santé de Wall Street et du CAC 40.

Sur le plan international, le groupe des députés de la Gauche démocrate et républicaine souhaite que notre pays puisse relancer, sous l'égide de l'Europe, une initiative de paix dans le conflit israélo-palestinien sur la base du respect des résolutions de l'ONU. C'est la seule manière de sortir le peuple palestinien du marasme dans lequel il est plongé et d'assurer la sécurité de toute la région, y compris d'Israël.

Nous préconisons également une grande initiative sous l'égide de l'ONU pour que les peuples du Sud ne soient pas condamnés à la misère et à la pauvreté. L'accès à l'éducation, aux soins, à l'eau potable devrait être prioritaire. C'est une des conditions de la sécurité collective. Croit-on vraiment que l'on peut régler sérieusement les problèmes d'immigration sans s'attaquer à ces questions fondamentales ? Le prétendre, c'est leurrer toute une partie de la planète et maintenir dans la soumission et l'exploitation toute une autre partie.

Vous avez évoqué, monsieur le Premier ministre, la « culture de la violence ». Mais la combattre, c'est avant tout développer la culture de l'égalité et de la solidarité, la culture de la non-discrimination et de la sécurité pour l'emploi et un revenu digne. En ces temps où la menace terroriste est revenue sur le devant de la scène, allons-nous enfin nous attaquer à la racine du mal ?

Enfin, la révolution écologique indispensable à la survie de notre planète ne saurait se faire sans modifier profondément les conditions de production. Il ne s'agit pas de répéter à l'envi qu'il faut de la croissance. Il s'agit de savoir quelle croissance, avec quel contenu social et quelles conséquences environnementales. Ces trente dernières années, les États-Unis ont eu une croissance soutenue, mais elle a engendré des inégalités grandissantes se traduisant par davantage de pauvreté et une dégradation profonde de l'environnement.

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