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Intervention de Yves de Kermabon

Réunion du 19 mai 2009 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Yves de Kermabon :

J'ai été frappé par la bonne organisation relative des conditions de vie des personnes incarcérées dans les trois principales prisons du Kosovo – les seules que j'ai visitées –, situées à Dubrava, à Mitrovica et surtout à Lipjan. Je ne peux pas toujours avoir connaissance des atteintes aux droits de l'homme dans tel ou tel commissariat mais le comportement des policiers et du personnel de l'administration pénitentiaire, hormis quelques erreurs ou excès, n'est pas mauvais. L'Union européenne a accompli un gros effort financier pour rénover et moderniser les prisons.

L'éducation est ouverte à tous mais dans des conditions parfois désolantes. Les infrastructures scolaires ne sont guère développées. Par ailleurs, la dichotomie linguistique entre communautés se creuse : les jeunes kosovars albanais ne parlent plus du tout le serbe, ce qui affecte le système éducatif, parfois contraint d'organiser les cours alternativement pour les Kosovars albanais et pour les Kosovars serbes – le matin pour les uns et l'après-midi pour les autres ou bien un jour sur deux. Enfin, nous recrutons des collaborateurs locaux parlant anglais, qui exerçaient souvent les professions d'instituteur, de professeur ou de médecin, indispensables pour le pays. Alors qu'ils ne gagnaient que 200 euros par mois, ils préfèrent devenir conducteur, femme de ménage ou interprète pour passer à 1 000, 1 200 ou 1 500 euros. Au Kosovo comme ailleurs, les organisations internationales offrent des salaires démesurés par rapport aux rémunérations locales, ce qui déstabilise et décérèbre la société.

Nombre de Serbes ont quitté le Kosovo à l'arrivée de la KFOR, qu'il s'agisse de Serbes de Serbie qui étaient envoyés par l'administration de Belgrade ou de Serbes du Kosovo. Ceux qui sont restés sont ceux qui n'ont pas de point de chute. Dans les enclaves du Sud, ils sont prêts à cohabiter avec les Kosovars albanais mais, dans le Nord, c'est une autre affaire. Les organisations internationales devraient à l'avenir se coordonner pour éviter d'avoir, en entrant sur un théâtre, cet effet négatif.

Quel que soit le verdict de la Cour internationale de justice, même si l'indépendance a été autoproclamée, soixante pays ont reconnu l'indépendance du Kosovo et je vois mal un retour en arrière se produire. Au demeurant, je pense que la Serbie n'a plus la capacité de revenir au Kosovo. D'abord, elle a perdu ses capacités militaires d'antan, elle réorganise son armée et elle souhaite rejoindre l'Union européenne et l'OTAN. Ensuite, elle est frappée si durement par la crise économique qu'elle ne pourra pas maintenir longtemps ses structures économiques parallèles au Kosovo, notamment en versant un second salaire à des fonctionnaires ayant accepté de rester au Kosovo – ces flux financiers, qui étaient entretenus par le gouvernement de M. Vojislav Kostunica, commencent à se tarir.

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