EULEX est une mission d'assistance aux jeunes institutions kosovares, fondée sur la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, l'action commune du Conseil de l'Union européenne et l'invitation du président du Kosovo. Elle n'intervient que pour les aspects liés à l'État de droit – elle n'a donc pas vocation à relever intégralement la MINUK – et sur la base du concept de monitoring, mentoring and advising, c'est-à-dire d'assistance, encadrement et conseil.
Le Kosovo est effectivement porté à bout de bras par la communauté européenne, l'Union européenne et les Etats-Unis. Le rêve américain est dans tous les esprits des Kosovars, dont la diaspora, source de revenus majeure, est très active aux États-Unis.
Je me garderai de spéculer sur la viabilité du Kosovo, qui me semble pour le moins fragile. Par le passé, le complexe minier et industriel de Trepca générait des activités économiques importantes. Le Kosovo se caractérisait aussi par des activités agricoles significatives. Toute cette économie a été très abîmée par la guerre ; des investissements énormes et beaucoup de temps seront nécessaires pour la remettre en marche.
S'agissant de la sécurité, il ne faut effectivement jamais jurer de rien. L'équilibre des Balkans est crucial pour l'Europe. Le Kosovo, parmi les pays qui l'environnent, n'est pas une exception en matière de crime organisé. La viabilité politique du Kosovo dépend de sa stabilisation institutionnelle. Or, derrière des bases démocratiques, avec un président, un gouvernement, un parlement et une opposition, on retrouve des structures d'ordre clanique et peu de partage des responsabilités. Les autorités gouvernementales sont donc mises à l'épreuve.
Le mandat initial d'EULEX s'achèvera le 15 juin 2010 et je pense que la mission sera prolongée car il sera sans doute un peu trop tôt pour livrer le Kosovo à lui-même.
Il faut effectivement parler de « Kosovars albanais » et de « Kosovars serbes ». Mais le Kosovo n'est pas une tête de pont de l'Albanie, les Kosovars albanais aspirant à l'indépendance, à la souveraineté, à un État. Des Albanais vivent dans le Nord de la Macédoine, au Monténégro et au Kosovo et il ne faudrait pas ouvrir la boîte de Pandore. Le Kosovo s'est doté de son propre drapeau – bleu, jaune et étoilé – qui, certes, flotte souvent à côté de celui de l'Albanie, mais aussi à côté de celui des États-Unis.
Planifier ne s'improvise pas, c'est un métier. Il aurait donc été de loin préférable de confier la préparation d'EULEX à un centre de planification constitué de professionnels. La Capacité civile de planification et de conduite des opérations (CPCC) n'a été créée qu'il y a un an et demi, précisément pour gérer toutes les opérations civiles de crise, en symétrie avec l'état-major militaire de l'Union européenne. Il est question aujourd'hui de regrouper ces deux entités sous une tête unique, la planification présentant toujours à peu près les mêmes caractéristiques, qu'il s'agisse d'opérations civiles ou militaires.