Cela ne change rien. Toute notre stratégie consiste à mettre en sûreté femmes et enfants – lesquels ne vont plus à l'école pour que les auteurs ne viennent pas les chercher à la sortie – jusqu'à ce que, dans le meilleur de cas, un référé en urgence soit pris. Mais encore faut-il que les éléments du dossier soient solides pour que le procureur se saisisse de l'affaire.
Les auteurs se servent des enfants car ils savent que s'ils les reprennent, la femme reviendra – alors que s'ils perdent, ils ne s'y intéressent plus du tout. Les enfants sont donc un enjeu considérable.
Expliquer aux femmes que leurs enfants sont en souffrance ne suffit d'ailleurs pas toujours. Aujourd'hui encore, il est en effet très compliqué de sortir de la violence conjugale : il faut non seulement déconstruire d'abord la violence conjugale comme elle s'est construite, c'est-à-dire à petit pas, mais encore affronter toutes les barrières juridiques, sociétales et sociales.
Les femmes qui s'en sont sorties nous disent toutes la même chose : sans le Relais, elles n'auraient jamais réussi à s'échapper des griffes de leur bourreau. Partir signifie en effet mettre sa vie en danger, et les victimes en ont parfaitement conscience : en restant dans la violence, elles sauvent leur vie, voire celle de leurs enfants. Le meurtre se produit quand l'auteur se rend compte que tout est perdu : il casse alors son jouet.