, a dressé un constat inquiétant. Alors qu'environ 1 800 tonnes de chlordécone ont été produites, seules 300 tonnes ont été employées aux Antilles. Et parmi les 1 500 tonnes restantes, une bonne partie a été employée en Allemagne et dans l'ex-bloc communiste pour lutter contre les bio-agresseurs de la pomme de terre.
On se trouve donc potentiellement confronté à un problème environnemental à l'échelle de nombreux pays car la chlordécone, qui n'est plus produite depuis longtemps, ne figure plus – hors les Antilles – dans les plans de contrôle et de surveillance des Etats ; elle est aussi absente du Codex alimentarius mondial.
Les rapporteurs ont alors présenté plusieurs observations sur le volet scientifique du « Plan chlordécone » et, notamment, préconisé :
- d'accélérer la mise au point de la cartographie détaillée de la contamination et d'étendre cette cartographie aux eaux continentales et aux milieux marins ;
- de faire progresser la fiabilité du système d'analyse ;
- d'étendre le « Plan chlordécone » aux produits de la mer et d'accentuer les recherches environnementales dans ce domaine ;
- de surveiller la mise en oeuvre du « Paquet hygiène » qui rend désormais les agriculteurs responsables de leurs mises en culture, sans les contraindre à faire procéder à des analyses de sol ;
- d'établir des référentiels d'imprégnation sanguine pour pouvoir les proposer aux populations les plus exposées ;
- et d'accroître les recherches scientifiques sur la dépollution des sols.
S'agissant des études épidémiologiques dont les résultats seront prochainement connus, M. Jean-Yves Le Déaut, député, rapporteur, a regretté que le Professeur Dominique Belpomme ait refusé – fait sans précédent – d'être entendu par l'Office et rappelé que certains de ses travaux reposaient sur des bases scientifiques peu solides, et étaient très critiqués par les chercheurs en charge des épidémiologies correspondantes.
Hors chlordécone et en attente des résultats de l'étude de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) sur l'exposition des populations antillaises aux pesticides, qui devrait être publiée en 2010, Mme Catherine Procaccia, sénateur, rapporteur, a indiqué que les eaux antillaises étaient contaminées dans une proportion analogue à celles de la métropole. Mais que l'exposition alimentaire des populations y semblait moins marquée, tout au moins si on se référait aux contrôles de pesticides effectués par les services de la répression des fraudes. Elle a insisté, également, sur le fait que la réduction du choix de pesticides à la disposition des agriculteurs antillais pouvait avoir un effet pervers, comme par exemple le recours à des produits généralistes, comme le glyphosate, qui activent les biorésistances et sont donc de plus en plus employés.