Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je tiens à rappeler que je n'ai pris mes fonctions que le 27 novembre dernier, si bien que ma connaissance de l'entreprise n'est sans doute pas aussi précise que vous pourriez le souhaiter.
Lorsque le Gouvernement m'a proposé de prendre la direction de ce groupe, il ne m'a pas caché son intention de s'engager dans un processus de privatisation. N'ayant pas d'opposition de principe à cette démarche, j'ai accepté la proposition. La lettre de mission que les ministres de la défense et de l'économie m'ont adressée est d'ailleurs explicite : elle considère que la SNPE est arrivée à un stade particulier de son évolution et doit changer pour ne pas disparaître. Il m'est demandé d'étudier notamment un rapprochement de l'activité de SNPE Matériaux énergétiques (SME) avec celle de la Snecma Propulsion solide (SPS), société du groupe Safran, qui fabrique des tuyères et des systèmes de propulsion.
Le chiffre d'affaires de la SNPE est aujourd'hui d'environ 640 millions d'euros. L'activité est divisée en quatre grands secteurs : la SME fabrique principalement des combustibles pour Ariane et pour les missiles stratégiques de la force nucléaire navale, avec environ 250 millions d'euros de chiffre d'affaires ; la société Eurenco, filiale indépendante de la SME, produit principalement des poudres et explosifs destinés à la fabrication de munitions, d'obus ou de petits missiles, avec un chiffre d'affaires de 160 millions d'euros. Le groupe a également développé au cours des vingt dernières années deux autres activités de chimie de spécialité avec la société Bergerac NC qui a un chiffre d'affaires d'environ 100 millions d'euros, et de chimie fine avec l'entreprise Isochem dont le chiffre d'affaires atteint 140 millions d'euros. Cette diversification correspondait à un souhait des pouvoirs publics de voir la SNPE intervenir au-delà de ses domaines traditionnels d'activité.
Le Gouvernement souhaite aujourd'hui consolider la filière de la propulsion tant pour Ariane que pour les missiles stratégiques en intégrant les deux partenaires que sont Safran et SME. Je dois étudier ce schéma et rechercher les meilleures opportunités de développement et, éventuellement, de partenariat et de privatisation pour les trois autres branches du groupe.
Je tiens à rappeler que le projet de privatisation concerne tout le groupe même si le débat ne porte le plus souvent que sur la propulsion. Contrairement à la branche propulsion qui est actuellement rentable, les autres filières ont actuellement des résultats négatifs ou très faiblement positifs. Je comprends dès lors que si les prises de position des syndicats portent le plus souvent sur SME, leurs préoccupations réelles concernent davantage les trois autres entités pour lesquelles il n'y a pas de projet identifié et qui ont des résultats moins porteurs.
Ma première difficulté sera de trouver le bon accord industriel avec Safran, puisqu'il est envisagé de privatiser non par appel aux enchères, mais sur la base d'un projet industriel précis. Une fois que nous l'aurons négocié, il y aura des discussions financières dans la perspective d'une privatisation. Je crois sincèrement que les personnels de SME sont relativement sereins à ce sujet. Cette vente risque en revanche de bouleverser l'équilibre financier du groupe, d'autant que les trois autres filiales seront plus difficiles à céder, compte tenu de leur situation économique et industrielle.
Les activités de deux d'entre elles sont beaucoup moins en rapport avec les préoccupations stratégiques de la France et, sous cet angle, posent peu de problèmes. Pour ce qui est d'Eurenco, actuellement en difficulté, la délégation générale pour l'armement considère qu'il s'agit d'une activité stratégique, et qu'il faut donc que la fabrication de certains produits soit maintenue en France. Il m'appartient d'élaborer des plans industriels permettant son redressement avant de trouver une solution compatible avec l'intérêt stratégique précisé par la DGA.
Les activités de chimie fine et de spécialité sont en revanche destinées à des usages pharmaceutiques, industriels ou agroalimentaires. Elles s'inscrivent donc naturellement dans le secteur privé. Il faudra simplement les rendre attractives et trouver de bons partenaires pour défendre au mieux les intérêts patrimoniaux de l'État.