Monsieur l'ambassadeur, faut-il mettre sur le compte d'une sensibilité artistique exacerbée votre description de la situation en Afghanistan, très adoucie par rapport à celle de nos chefs militaires ?
Nous avons reconstruit les routes, les institutions, une armée, une police, une justice et, grâce à nous, 80 % de la population a accès à des soins. Cependant, vous dites que cela n'a guère d'effet sur les populations rurales, qui demeurent réticentes à nous donner des renseignements car elles ne savent pas qui, de l'Alliance ou des talibans, va l'emporter. Qu'au bout de huit ans de guerre, elles continuent à en douter, voilà qui me rend extrêmement perplexe !
Les populations locales donnent-elles, à l'inverse, des renseignements aux talibans ? Le nombre de ceux-ci a-t-il diminué ?
Je rappelle qu'en 2001, la production de drogue en Afghanistan était de 200 tonnes ; elle atteint aujourd'hui 8 000 tonnes, à destination, non seulement de l'Iran, mais aussi du Turkménistan !
Monsieur l'ambassadeur, vous affirmez que les forces de l'Alliance – les soldats français en particulier – ne sont pas considérées comme une armée d'occupation. Au début, cela était certainement vrai : nous avons dû être accueillis comme une armée de libération. Mais après huit années passées sur le terrain, c'est difficile à croire !