Les Occidentaux n'entretiennent-ils pas l'illusion d'une nation afghane là où il n'existerait qu'un ensemble culturel et non un État comme le nôtre, dont l'histoire s'étend sur 1 500 ans ?
Les Américains – bien naïfs en politique étrangère, sauf lorsqu'il s'agit de défendre leurs intérêts – nous suggèrent qu'il pourrait y avoir de bons et de mauvais talibans. C'est faire entrer le loup dans la bergerie : on voit mal les talibans abandonner les buts de guerre qu'ils se sont assignés !
Je voudrais aussi que l'on essaie de se placer du point de vue de la Russie, qui a perdu de nombreux combattants en Afghanistan et qui a un retour d'expérience important, analysé notamment dans le livre The Bear went over the mountain. Sur place, j'ai été frappé par le développement considérable de la base de Kandahar. Je peux comprendre, sous cet aspect, le sentiment d'encerclement des autorités russes. Ne pensez-vous pas que les Américains, en dépit des dénégations de leur président, souhaitent établir là une base stratégique permanente ? Par ailleurs, quels sont les objectifs et les actions de la Russie en Afghanistan aujourd'hui ?