Nous avons le plaisir d'accueillir ce matin M. Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale de la République islamique de Mauritanie, ainsi qu'une délégation composée de M. Abdoulaye Diaw, membre du Conseil supérieur de la magistrature, de M. Assane Soumaré, ancien ministre de la pêche et de l'économie maritime, de M. Yahya Ould Kebd, ministre de la décentralisation et de l'aménagement du territoire, M. Sidi Mohamed Ould Amajar, délégué général à la promotion de l'investissement privé, M. Abdoulaye Diagana, M. Abdoullah Ould El Mounir, M. Oumar Ould Dede et M. Sidi Mohamed Ould Dhaker de For-Mauritania.
Monsieur le président, je vous remercie d'avoir bien voulu accepter, après la rencontre que vous avez eue hier avec notre président, M. Bernard Accoyer, notre invitation à venir vous exprimer devant la Commission des affaires étrangères. Comme vous le savez, la situation politique dans votre pays est suivie avec beaucoup d'attention par tous ceux qui s'intéressent à l'Afrique en général et à la Mauritanie en particulier – et, plus globalement, par tous ceux qui se préoccupent du processus de démocratisation du continent.
Ce qui s'est passé en Mauritanie le 6 août dernier est d'autant plus grave que, pour la première fois depuis trente ans, un président civil, M. Ould Cheikh Abdallahi, avait été élu démocratiquement pour gouverner le pays. Je rappelle que vous faites partie de ceux qui réclament un retour à l'ordre constitutionnel et que vous avez refusé de siéger à la Session extraordinaire de l'Assemblée nationale convoquée par les militaires, alors que vous présidez cette assemblée.
Cette rencontre est pour nous une occasion précieuse de comprendre ce qui s'est passé, et aussi, peut-être, ce qui va se passer. Je voudrais tout d'abord vous demander quelle est votre analyse politique du coup d'État et quelles sont, selon vous, les raisons profondes qui l'ont provoqué. Paradoxalement, le général qui en a pris la tête, Ould Abdelaziz, avait contribué, il y a trois ans, à renverser le régime autoritaire du Président Ould Taya afin de rétablir la démocratie. Son coup de force a-t-il eu pour but de contrer les velléités du Président Ould Cheikh Abdallahi de mettre à l'écart certains chefs militaires ?
Pourriez-vous par ailleurs nous préciser quelle est aujourd'hui la situation dans le pays ? Nous savons que des tractations ont eu lieu entre le général Abdelaziz et différents leaders politiques. En parallèle, les partis de la majorité présidentielle se sont constitués en Front national pour la défense de la démocratie, dont votre propre formation fait d'ailleurs partie. Pouvez-vous nous préciser vos objectifs et la manière dont vous envisagez l'évolution de la situation ?
Ce coup d'État a été unanimement condamné par toute la communauté internationale, notamment par la France, ce qui a conduit à isoler votre pays sur la scène internationale. La Mauritanie est pour l'instant suspendue de l'Union africaine ; les aides accordées par la Banque mondiale ont été gelées, ainsi que celles octroyées par les États-Unis ou par la France, qui a cependant maintenu ce qui relève de son aide alimentaire et humanitaire. Comment entendez-vous procéder pour convaincre, si c'est possible, les auteurs du coup d'État que le retour à un fonctionnement démocratique est la condition sine qua non du retour de la Mauritanie au sein de la communauté internationale ?
Enfin, vous vous êtes personnellement illustré en défendant ardemment le respect des droits de l'homme et en faisant de l'émancipation des Haratines une de vos priorités. Alors que l'esclavage n'a été définitivement aboli en Mauritanie qu'en 1980, quelle est aujourd'hui la situation réelle des minorités dans votre pays ?
Sur tous ces sujets, monsieur le président, je vous laisse la parole.