Je n'ignore ni la difficulté suscitée par le prix du foncier ni le problème de la qualité des opérateurs mais, que le dispositif retenu soit la LBU ou la défiscalisation, cette difficulté et ce problème demeurent entiers.
Par ailleurs, nous proposons une défiscalisation non patrimoniale pour le logement social, mais nous ne l'imposons pas et l'on pourra continuer de monter des projets en LBU pure, sachant que la dotation passera de 190 à 250 millions.
D'autre part, nous imposons la construction de 25% de logements sociaux dans tout programme de construction de logements intermédiaires, une obligation sans laquelle il n'y aura pas de créations de logements sociaux. Alors que 60 000 logements sociaux manquent à ce jour en Martinique, on en a construit 400 l'année dernière sous le régime de la LBU !
J'ai entendu dire que, si le dispositif que nous entendons créer est trop intéressant, il prospérera au détriment de l'investissement productif. Ce sera au moins la preuve que des logements sociaux ont été construits…
Je suis ouvert à l'évaluation ultérieure du nouveau dispositif. Pour autant, je crains que, si l'on en reste au système ancien – la LBU seule –, on ne se trouve confronté à des problèmes connus et demeurés irrésolus. Ce projet donne la souplesse de pouvoir lancer des opérations sous des régimes différents : LBU seule, défiscalisation seule, ou association des deux. Pourquoi se priver d'un outil alors que les besoins de logements sociaux sont considérables ? Si, dans un an ou dans dix-huit mois, nous constatons une dérive, il sera temps de revoir le dispositif. Dans l'intervalle, et alors même que nous aurons augmenté de 60 millions la dotation LBU, ce serait un mauvais message de ne pas utiliser aussi l'instrument de la défiscalisation pour favoriser la construction de logements sociaux. Enfin, je ne vois rien de choquant à payer le logement des pauvres avec l'argent des riches ; en revanche, savoir que 230 millions de crédits induits par la loi Girardin repartent en métropole faute d'avoir été utilisés me ferait mal au coeur.
En ce qui concerne le fonds exceptionnel d'investissement outre-mer, se superposeront 40 millions, 75 millions et 50 millions, si bien que 165 millions seront cette année investis dans les activités économiques et la relance.
Légiférer sur la convertibilité pour imposer une augmentation de salaire dans trois ans ? Je ne suis pas sûr de pouvoir le faire car l'État n'a pas signé les accords Bino, qui sont des accords interprofessionnels entre six organisations syndicales et les organisations patronales. Il a seulement « constaté ». En outre, il est difficile d'affirmer vouloir privilégier les négociations annuelles d'augmentation des salaires –je rejoins Victorin Lurel pour rechercher des mesures incitatives – et de les tuer ensuite en annonçant la convertibilité automatique dans trois ans. Il faut évidemment faire pression pour obtenir des négociations annuelles obligatoires, favoriser le dialogue social et faire le pari du développement économique, mais je ne veux pas imposer la convertibilité à des entreprises qui ne pourront pas la supporter.
Quant à l'abaissement du seuil pour l'ouverture des grandes surfaces, on peut ouvrir le débat car la situation est différente de celle de la métropole, compte tenu de l'étroitesse des marchés. Mais les deux mamelles de la baisse des prix sont la concurrence et la transparence. Je reste cependant très ouvert sur cette question, qui ne figure pas dans la loi et qui n'est pas remontée du terrain.
En matière d'emploi local, le Gouvernement s'attachera à suivre l'exemple de la Nouvelle-Calédonie et de son plan « Cadres Avenir », qui consiste à aider des cadres originaires du territoire à se former et à monter dans la hiérarchie, qu'il s'agisse d'entreprises ou de l'administration. J'ai proposé d'étendre cette mesure aux outre-mer et demandé à l'ANT réformée de concevoir un programme pour 1 500 jeunes diplômés originaires des départements d'outre-mer, afin de les faire progresser et de les inciter à revenir. Dans l'administration aussi, il faut faire preuve de volontarisme républicain même si nous rencontrons une difficulté, à savoir que nous avons beaucoup d'agents de catégorie C qui voudraient rentrer outre-mer, mais peu de postes à leur offrir, et que nous avons peu d'agents de catégorie A qui demandent à repartir.
En matière de réglementation des prix, les sénateurs ont introduit un dispositif qui se veut dissuasif. Si l'on réglemente des familles de prix, on risque de finir par payer avec l'argent des contribuables les marges des grandes entreprises de distribution, comme on finance en quelque sorte celles des entreprises pétrolières. Qui dit prix administré dit compensation des baisses imposées. Ce serait le contraire de ce que nous voulons. Nous travaillons à collationner les accords conclus à l'échelon de chacun des départements, pour voir avec les importateurs, les distributeurs et les sociétés de transport comment garantir, pour un nombre important de produits, des prix aussi proches que possible de ceux de la métropole. Les états généraux devraient permettre de soulever la question de l'organisation des marchés et de la transparence. Nous avons sollicité l'Autorité de la concurrence, qui rendra un avis avant le mois de juin ; la mission Ollier sur les prix des carburants devrait aussi nous apporter des informations. Ensuite, se posera la question des moyens de contrôle de l'État. Celui-ci devra renforcer les outils qu'il a à sa disposition. Dans le cadre de la réorganisation territoriale de l'État, il faudra mettre en place un service de la concurrence, de la transparence et du contrôle mieux organisé et plus efficace.
Les états généraux seront aussi l'occasion de revoir la question de l'octroi de mer et, plus généralement, des finances des collectivités territoriales qui rencontrent des difficultés particulières. J'espère que ces états généraux feront des propositions sur les structures.
En ce qui concerne la sécurisation juridique de l'apport des collectivités locales, en complément des 100 euros du RSTA, les études dont nous disposons montrent que, tant qu'il s'agit d'une mesure de courte durée, elle est considérée comme une aide sociale et ne soulève pas de difficulté juridique. Il faudra vérifier.