Je ne regrette pas d'être venu ce matin pour vous écouter mais j'avoue avoir entendu des choses qui me gênent.
Je suis un fonctionnaire qui a mal tourné : je suis devenu député. J'ai donc laissé mes avantages de fonctionnaire pour me faire élire. Je suis un élu comme vous, à ceci près que je le suis par environ 120 000 personnes, ce qui n'est pas toujours le cas des représentants syndicaux.
J'ai entendu parler de « guerre impérialiste ». Je suggère à l'auteur de ces propos d'employer sa délégation syndicale pour donner aux Talibans des leçons en matière de droit social – et surtout sur la façon de traiter les femmes. On ne peut pas, en cas d'attentat, défiler en France le crêpe noir à la boutonnière et prétendre par ailleurs que notre pays mène une guerre impérialiste en Afghanistan. Je rappelle que nous y sommes à la demande des Afghans eux-mêmes.
De même, on laisse entendre que nos soldats seraient morts en raison d'un manque de matériel. Ce n'est pas du tout le langage que j'ai entendu sur place : j'ai rencontré en Afghanistan des jeunes gens très fiers de la mission qu'ils accomplissent. Ils sont là par engagement, sans aucun sentiment de revanche ou d'amertume.
Enfin, si les parlementaires ont autant d'avantages, je vous invite à le devenir : c'est facile, tout le monde peut être élu. Il ne vous reste que quatre ans à attendre. Personnellement, je suis ici depuis dimanche soir et je ne repartirai que jeudi soir. Cette nuit, j'ai travaillé jusqu'à trois heures du matin. J'ajoute que je gagne 5 200 euros ; certains fonctionnaires gagnent bien plus que moi. Je ne me plains pas : j'ai souhaité cette situation. Et pour ce qui est de la retraite, neuf députés touchent une pension moins importante que celle qu'ils auraient perçue s'ils avaient conservé leur profession. En outre, cette retraite vient des parlementaires eux-mêmes, par le biais de leurs propres cotisations. C'est pourquoi je trouve infamants certains des propos qui ont été tenus. Remarquez, dans de nombreux pays – en Afghanistan par exemple –, la population aimerait pouvoir tenir ce genre de propos face à des parlementaires...