Je ne me prononcerai pas sur la pertinence de la prescription médicale : les médecins prescrivent en toute liberté et nous n'avons pas à nous ingérer dans leurs relations avec l'industrie pharmaceutique.
Nous constatons néanmoins les effets sur les génériques de cette volonté de prescription favorisant plutôt l'innovation que ce qui existe déjà. Ainsi, on a vu la consommation des prazoles augmenter tandis que celle des produits de substitution demeurait stable. Le phénomène est encore plus frappant pour les statines dont le marché ne fait qu'augmenter jusqu'à ce que la substitution intervienne et que la consommation stagne avant de chuter. Le troisième exemple est celui des acides alendroniques pour lesquels les ventes de Fosamax ont progressé continûment jusqu'à ce que, quelques semaines avant que le brevet ne tombe, le nouveau médicament de contournement enregistre une forte progression tandis que l'ancien chutait brutalement, pratiquement au moment de la sortie du générique.
En disant cela, je ne me prononce nullement sur la pertinence d'aller vers le nouveau médicament. Simplement, il est surprenant qu'il y ait ce transfert de prescription au moment même où un produit est sur le point de tomber dans le domaine public, sachant que l'on n'est plus dans la même gamme de prix…
Ce n'est certes pas le cas pour tous les produits, mais on est quand même globalement dans un phénomène industriel et médical qui favorise de plus en plus l'innovation par rapport aux génériques. D'ailleurs, alors que le marché des génériques aurait dû enregistrer une progression constante, il est très loin des objectifs qui lui avaient été fixés. Cela montre que, quelle que soit la volonté de faire des économies, on ne parviendra jamais aux résultats escomptés au moment où on l'aurait voulu, tout simplement parce qu'il y a des transferts de prescription.