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Intervention de Yves Fromion

Réunion du 17 septembre 2008 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

Monsieur le directeur, lorsque je me suis rendu, voilà une quinzaine d'années, dans des plantations de coca dans le Chapare, en Bolivie, la problématique était la même. J'ai rencontré des Américains qui conseillaient aux paysans, moyennant une somme de 10 000 dollars par hectare, de cesser la production de coca pour planter des agrumes. C'est ce que les paysans ont fait, mais, faute de routes et d'infrastructures, d'immenses tas d'oranges, de bananes et d'ananas pourrissaient le long de pistes difficilement praticables. Cela donne raison à ceux qui pensent qu'on ne peut pas raisonnablement imaginer de créer une économie de substitution à l'opium sans les infrastructures minimales permettant de stocker, d'échanger et de commercer, c'est-à-dire sans créer une véritable économie.

La prévention par le développement économique que vous évoquiez tout à l'heure est absolument indispensable, mais elle n'est pas suffisante ; je rejoins en cela les propos de M. Teissier. Nous avons bien vu que la période du régime des talibans a coïncidé avec un effondrement de la production. Le fait que cet effondrement se soit traduit par une hausse des prix est un autre problème, qui ne se situe pas en Afghanistan. Réduire peu à peu le nombre d'exploitations cultivant de l'opium est une manière de régler le problème en montrant par la force de l'exemple que cette culture n'est pas une solution et qu'il existe des cultures de substitution. Les deux approches doivent être adoptées simultanément.

La prévention, le développement économique et les infrastructures sont certes nécessaires. Nous savons d'ailleurs faire tout cela, et sans doute beaucoup plus vite qu'on ne le fait actuellement. Cela constituerait d'ailleurs un signal fort de la part de la communauté internationale. Il faut aussi faire preuve de beaucoup plus de fermeté, ce qui ne signifie pas, bien entendu, qu'il faille procéder comme l'ont fait les Américains au Vietnam. Il faut avancer progressivement, sans vouloir résoudre d'emblée la totalité du problème, mais il faut le faire résolument. En ce sens, l'intervention demandée à l'OTAN pour détruire les laboratoires et intercepter les convois de précurseurs chimiques est extrêmement importante. Si l'on ne mène pas cette double action de prévention et de fermeté, on n'obtiendra aucun résultat, car on ne donnera pas l'exemple d'une volonté politique.

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