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Intervention de Antonio Maria Costa

Réunion du 17 septembre 2008 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Antonio Maria Costa, directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime :

Il s'agit là, monsieur le président, de deux questions importantes. Pour ce qui est, tout d'abord, des subventions aux cultures traditionnelles, je serais personnellement d'accord avec votre proposition, mais d'autres institutions n'y sont pas favorables, au nom de la loi du marché et du souci de ne pas introduire de distorsions dans les marchés. Une manière de résoudre le dilemme entre votre point de vue et celui, par exemple, de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international pourrait consister, non pas à octroyer des subventions à la production de cultures traditionnelles, mais à rendre cette dernière plus efficace au moyen d'infrastructures, comme des routes facilitant le transport des produits agricoles de la campagne vers les villes, des canaux d'irrigation ou des puits. N'oublions pas que l'Afghanistan est l'un des quatre ou cinq pays les plus pauvres du monde. Si le principe de subventions directes aux paysans soulève des difficultés idéologiques ou économiques, la réponse doit passer par l'aide au développement, pour aider les pays à sortir de la tragédie de la pauvreté. L'Afghanistan a faim et soif d'infrastructures.

Je pense comme vous que l'OTAN ne devrait pas être engagée dans l'éradication des cultures, mais dans celle des laboratoires, des marchés ouverts et des convois. J'ai fait cette déclaration assez claire au Conseil de l'OTAN voilà une semaine, mais, malgré l'accord des États-Unis, du Royaume-Uni et de plusieurs pays d'Europe continentale, il n'y a pas encore d'accord politique sur ce point entre tous les pays de l'OTAN. Cet accord pourrait être obtenu, mais se posent également des problèmes d'ordre juridique. Ainsi, les États-Unis font observer que leur budget consacré aux opérations militaires en Afghanistan correspond à une ligne budgétaire relevant de la défense, et non de la justice, alors que les interventions visées ont précisément un caractère judiciaire, ou de « law enforcement ». Malgré ces problèmes juridiques, tout le monde accepte l'argumentation selon laquelle, puisque les terroristes se trouvent là où la drogue est cultivée, il faut lutter contre la drogue pour lutter contre le terrorisme.

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