Le travail fait avec un psychiatre a permis, lors d'un procès d'assises, de condamner à vingt ans de prison une personne qui avait à son actif cinq affaires, mais dont deux s'étaient conclues par des non-lieux. Le travail conduit avec les psychiatres a donc un sens mais il a résulté d'un long processus car les violences que vous évoquez sont difficiles à établir.
Il y a des cas où l'on n'y arrive pas : par exemple, il est difficile de construire un dossier avec quelqu'un qui nie les faits, comme peut le faire un pervers, qui est a priori une personne intelligente. Les affaires où la personne mise en cause ne reconnaît pas les faits sont davantage classées et sans que je puisse m'appuyer sur suffisamment d'éléments pour le démontrer, il paraît probable que plus on monte dans l'échelle sociale, plus les faits sont contestés.
La lutte contre les violences psychologiques, en particulier celles commises par les pervers, est vraiment difficile. Le dossier que j'ai cité précédemment a pu aboutir parce que nous avons réussi à mettre en évidence un processus de fonctionnement dans lequel le pervers utilisait la séduction, puis la violence, puis de nouveau la séduction pour priver ses victimes successives de réaction. Par ailleurs, ce travail a sensibilisé les magistrats du tribunal (il s'agit d'une petite juridiction) comme en atteste le taux des poursuites correctionnelles.