Ces statistiques et cette mobilisation ont été les deux éléments majeurs du lancement de GEF.
Notre association s'est donnée une triple mission.
D'abord, observer le parcours professionnel des femmes diplômées de ces écoles.
Ensuite, sensibiliser les dirigeants à l'accès des femmes aux responsabilités. Nous utilisons pour cela la diffusion de nos études et, depuis l'année dernière, l'organisation de petits-déjeuners où nous recevons des dirigeants pour des échanges sincères et conviviaux.
Notre troisième objectif est de coordonner les actions et de mettre en réseau les associations. Quand GEF s'est créée, HEC au féminin venait d'apparaître, puis ESCP-EAP femmes, ESSEC au féminin, Centrale au féminin, X au féminin, ENA au féminin. Chacune de ces associations organise régulièrement des manifestations thématiques, des conférences, des formations, mène des actions en faveur des femmes diplômées de leurs écoles. Nous essayons de coordonner ces actions, de façon à ce que chacune des associations profite de celles organisées par les autres. La vocation de GEF est de mettre ces femmes en réseau.
Nos membres sont en réalité les neuf associations d'anciennes élèves. Nous n'avons pas d'adhérentes directes, et cela est volontaire. Lorsque nous organisons une action, nous avons accès à près de 70 000 diplômées, puisque chaque association est en contact avec ses propres membres. Ce mode d'organisation nous permet aussi d'être en relation à la fois avec les hommes et les femmes ; pour avancer, il faut pouvoir parler aussi avec les hommes des sujets que nous traitons entre femmes.
Depuis sa création, GEF a conduit trois études et en a entrepris une quatrième. Nous tenons à communiquer sur des faits, de façon à sortir des idées reçues et des a priori.
La première étude a été menée auprès des grandes entreprises en France, en 2001-2002, en partenariat avec Accenture. L'objectif était de connaître leur position sur la place des femmes dans l'entreprise. En six ans, beaucoup de changements ont eu lieu sur ce point, même si l'on peut regretter qu'il n'y en ait pas eu plus. A l'époque, 70 % des entreprises interrogées ont répondu qu'il s'agissait d'un vrai sujet pour elles-mêmes. En même temps, 90 % des directeurs des ressources humaines et des directeurs généraux considéraient qu'il existait des freins aux carrières des femmes. Il était bien que ce soit dit.
En 2005 nous avons réalisé une deuxième étude, quantitative, en collaboration avec l'IPSOS. Nous l'avons appelée « l'ambition au féminin ». Il s'agissait de montrer que ces femmes diplômées étaient ambitieuses et qu'elles n'avaient pas fait leurs études pour élever leur famille. Ces femmes, qui représentent certes une population très spécifique, mais une partie importante du management des entreprises, déclaraient q'elles avaient étudié pour faire carrière, même si elles avaient aussi envie de concilier cela avec les autres facettes de leur vie. L'étude a montré qu'un tiers de ces femmes étaient payées moins bien que leur mari, un tiers pareillement, et un tiers mieux qu'eux.
Cela nous a amenées en 2007 à la troisième étude, destinée à recueillir l'avis des hommes. Son objectif était d'établir un comparatif des parcours professionnels des hommes et des femmes depuis la sortie, la même année, de la même école. En préalable, avec IPSOS, nous avons composé un groupe d'hommes, où chacun a pu évoquer librement la vie dans son entreprise, mêlant vie professionnelle et personnelle –certains managers vivent avec des femmes qui travaillent, d'autres avec des femmes qui ne travaillent pas. Cette étape a permis d'élaborer le questionnaire de l'étude quantitative comparée, qui a été envoyé aux 70 000 diplômés ; le taux de réponse a été de 10 % environ, au lieu de 2 % ou 3 % environ pour ce type d'enquête.
L'étude a conclu que les hommes et les femmes diplômés de ces écoles font preuve de la même ambition professionnelle. Lorsqu'on leur demande quelle est leur ambition, ils répondent à 60 %, hommes et femmes confondus, que c'est réussir une carrière. Les femmes sont un peu plus exigeantes sur tout : elles veulent réussir et leur carrière et leur vie personnelle et de famille, tandis que les hommes ont un spectre moins large. En revanche, l'ambition, l'investissement professionnels sont les mêmes : 90 % de ces femmes travaillent.