Il ne faut pas confondre l'histoire – qui doit être écrite par les historiens, non par les politiques– et la mémoire. En la matière, je crains une utilisation communautariste passionnelle et abusive de l'histoire : génocides arménien, ukrainien… Et demain ? Chaque souffrance est certes respectable mais au train où nous allons, pourquoi ne pas nous interroger sur le génocide des Gaulois par les Romains ? C'est certes à partir de nos valeurs communes humanistes que nous devons juger certains faits mais toute la difficulté est de savoir quand la loi doit y contribuer. Par ailleurs, les médias attisent parfois les passions en fonction des modes en vigueur : pendant longtemps, ce fut ainsi le silence sur les souffrances endurées par les Palestiniens dans les camps ; que dire des actes commis pendant l'Inquisition ? C'est parce que les nouvelles technologies concourent également à faire prendre pour argent comptant un certain nombre d'aberrations que les différents spécialistes que nous avons auditionnés doivent nous aider à y voir un peu plus clair !
Enfin, les Américains sont à l'origine du procès de Nuremberg mais que se passe-t-il, aujourd'hui, à Guantanamo ? Des personnes sont détenues au secret, sans aucun droit et parfois, de plus, dans des prisons secrètes au coeur même de la vieille Europe. Tout cela doit aussi nous interpeller.