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Intervention de Thierry Saniez

Réunion du 29 mai 2008 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Thierry Saniez :

Notre approche sera sans doute un peu différente de celle des précédents intervenants : association généraliste, nous ne nous focalisons pas sur telle ou telle pathologie, nous réaffirmons la volonté de principe de consolider le système de soins public et solidaire, nous craignons l'émergence d'un système assurantiel, avec une marchandisation de la médecine et du soin. Or, notre système de soins actuel ne fonctionne pas si mal que cela et nombre de pays nous l'envient.

S'agissant des vagues actuelles de déremboursements et de franchises, je confirme ce qui a été dit. Les gens sont déjà confrontés à des problèmes de pouvoir d'achat et les sujets de mécontentement ne manquent pas. Mais ils sont touchés de manière encore plus aiguë par ce phénomène. Nous le constatons dans nos permanences.

Notre association s'est toujours battue pour la prévention, qui évite beaucoup de dépenses dans un deuxième temps. Si on avait agi il y a quarante ans, on en tirerait déjà les bénéfices.

Aujourd'hui, la prise de conscience est générale. Depuis quelques années, on assiste à l'externalisation de nombreux coûts sociaux publics. Cela pose la question du financement général du système de soins. Il faut peut-être élargir certaines bases, rechercher les causes réelles de certaines pathologies. Une réflexion est nécessaire. Ce n'est pas forcément à l'usager des soins, au consommateur, au citoyen touché par la pathologie d'en supporter demain le coût. Cette pathologie peut être liée à un environnement professionnel ou de vie dont d'autres sont responsables.

Le vrai problème du bouclier sanitaire tient à son acceptabilité sociale. On sent qu'il répond surtout à une urgence financière, mais nous ne pouvons aller plus loin dans l'analyse : on ne peut se prononcer sur un concept, il faut des simulations, notamment financières. Surtout, l'acceptabilité sociale, donc l'information, la communication, le débat, sont essentiels : en matière de santé, rien ne peut se faire sans adhésion.

Je ne vois pas comment on pourrait revenir sur le système des ALD, qui concerne des personnes malades et qui risquent de l'être longtemps. On est là au coeur de la solidarité. Y renoncer serait socialement inacceptable mais aussi économiquement contreproductif.

Enfin, il conviendrait de réfléchir à l'ensemble du système français de financement des soins : s'il est peut-être nécessaire d'économiser et de rationaliser, dès lors qu'il s'agit de vies humaines, on ne peut se contenter de faire des économies.

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