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Intervention de Bernard Tapie va s'exprimer en premier

Réunion du 10 septembre 2008 à 15h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Bernard Tapie va s'exprimer en premier :

Si c'est pour des fautes que j'ai commises, c'est la moindre des choses : personne ne m'a obligé à être connu. Mais que l'on continue cette polémique et cette médiatisation outrancière même quand je gagne, c'est totalement irrationnel et injustifié.

J'aurais voulu que ceux qui me contestent vivent un mois seulement l'enfer que j'ai vécu pendant quinze ans. Un enfer où je suis obligé de changer le nom de mes enfants car ils ne peuvent plus aller à l'école sous le nom de Tapie. C'est peut-être de l'humour de mettre sur une poubelle un nom qui n'est pas le vôtre. Mais quand c'est le vôtre et qu'il est porté par vos enfants, par votre femme, par votre famille, cela fait mal. Toutes les inculpations dont j'ai fait l'objet – les faux tableaux, les ventes de meubles… – se sont terminées par des non-lieux mais cela, on ne l'a jamais fait savoir. Quand ma femme passe une journée entière à chialer dans les chiottes parce qu'une multitude de personnes est en train d'ouvrir les placards pour regarder quel dentifrice j'utilise, ce n'est pas normal !

Bien sûr, ce n'est pas Tchernobyl, mais c'est ce que j'ai subi en permanence, à petit feu, de la part d'un coupable qui, en plus, s'est enrichi sur mon dos. C'est pour ces fautes que les arbitres peuvent lui dire de payer. Je n'ai rien à réclamer : j'ai demandé mon dû. Des arbitres largement aussi crédibles et honnêtes que vous ont décidé de me l'accorder.

Un jour, la justice a condamné un journaliste pour avoir traité un homme de « Tapie breton », parce que, selon la justice, mon nom était devenu une injure publique. Sans doute ne mesurez-vous pas l'énormité du problème. C'est comme si je m'appelais « enfoiré », « pourri », « ordure »… Or, même si j'ai fait des fautes – et j'en ai fait –, je ne mérite pas du tout ce traitement, et surtout pas de la part de la banque qui a gagné de l'argent sur mon dos.

Ce que je pense, c'est que vous avez eu beaucoup de chance que les parties aient limité au préalable le montant de la condamnation. Vous m'opposez que l'État n'indemnise pas certaines personnes pour des fautes qu'il a commises. Mais ce n'est pas dans mon cas qu'il faut vous insurger, c'est dans tous les autres cas ! L'État a tous les droits dans ce pays, y compris de foutre un type en taule pendant vingt ans et de l'en ressortir en disant : « On s'excuse et on vous donne 10 000 balles. » Le scandale, c'est que l'État se protège parce que, dans ce pays, il n'a jamais tort ; ce n'est pas quand vous m'indemnisez de ce que vous m'avez volé. Je suis content que des personnes du niveau de M. Mazeaud et de M. Bredin disent non, disent qu'il faut que l'État soit responsable et paie lorsqu'il commet une faute.

Quant à la démagogie qui consiste à demander à combien d'enfants malades correspond l'indemnité… Je ne vous demande pas, monsieur Bayrou,…

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