Pas du tout ! Et ceux que je rencontre ne disent pas ça, je vous le garantis !
Qu'est-ce qui est important ? Imaginons que je gagne un milliard d'euros mais que, parce que j'ai réussi à prendre Adidas au nez et à la barbe de tout le monde, je rapporte au contribuable 20 milliards d'euros : je mérite une médaille ! En revanche, si j'avais coûté un milliard de dollars, comme cela a été le cas du CDR dans l'affaire Executive Life, même s'il ne me restait rien, je serais un citoyen pris en sponsoring par l'État de manière scandaleuse.
Voilà pourquoi je trouve dommage – le mot est faible – qu'on n'ait mentionné à aucun moment ce que j'ai rapporté aux contribuables. Dans sa sentence, le tribunal arbitral regrette, comme toutes les juridictions qui se sont succédé, qu'une banque nationalisée n'ait jamais fourni d'information claire et nette sur le bénéfice qu'elle a tiré de cette opération.
Lors de son audition, M. Jean-Pierre Aubert, homme d'une totale intégrité, a estimé le gain à environ un milliard de francs, dont il a déduit le montant du compte courant qui a été capitalisé. Selon lui, le total ne faisait pas beaucoup. Non seulement je conteste cette estimation mais je remarque que, au moment de l'introduction en bourse, le Crédit Lyonnais se voit verser une prime : 1,2 milliard de franc, selon l'aveu même de M. Peyrelevade dans Le Monde. Nous apprenons par un broker financier que cette prime se monte en réalité à au moins 1,6 milliard. Par sommation interpellative, M. Robert Louis-Dreyfus est interrogé sur l'exactitude de ce chiffre. Celui-ci indique qu'il est tenu au secret mais que le chiffre est beaucoup plus élevé que 1,6 milliard de francs.
Il faut donc retenir un gain d'au moins 1,6 milliard et y ajouter la différence entre le prix de la revente - 4,4 milliards - et celui de l'achat - 2 milliards pour les 75 % que j'ai acquis -. En outre, les 5 % de titres des enfants Dassler ont été achetés sur la base de ce prix de 2 milliards et ils ont été revendus au pis lors de l'introduction en bourse – alors que la capitalisation était de 11 milliards –, au mieux bien après. Car chacun semble oublier que la valeur était de 20 milliards un an après et de 30 milliards deux ans après.
En additionnant tous ces éléments, on est à 4,5 milliards de francs, pas à 500 000 et quelques !
La vraie question, c'est de savoir pourquoi M. Peyrelevade ne peut pas nous donner un chiffre. Même vous, monsieur Bayrou, la réponse va vous choquer : entre l'achat pour 2 milliards, l'introduction en bourse et ce qui s'est passé après, grâce à ce montage, le Crédit Lyonnais n'a pas payé un franc d'impôt. Cette affaire a permis une évasion fiscale de plusieurs centaines de millions d'euros !
Je me suis engagé formellement à donner le chiffre précis de ce qui me restera en fin de compte et je n'ai aucune raison d'en avoir honte. Mais vous devez reconnaître que cela représente, dans l'hypothèse la plus défavorable, moins de 10 % du gain que j'ai fait réaliser à l'État.
M. Brard s'est demandé comment j'ai pu obtenir un prêt. Je crois avoir déjà répondu à cette question. Du reste, sur le 1,6 milliard, le Crédit Lyonnais ne m'a prêté que 250 millions. Je ne fais pas partie de ceux qui ont été financés à 100 % par la banque.