Je suis parvenue à la même conclusion que vous ces derniers jours, quand j'ai vu Israël continuer à bombarder les infrastructures d'une bande de Gaza réduite à rien. Cela m'a rappelé la destruction des infrastructures de Cisjordanie par Ariel Sharon en 2002 : l'Autorité palestinienne souffre encore aujourd'hui de l'affaiblissement consécutif à ces destructions, puisque ces institutions publiques, toutes des investissements de l'Union européenne, n'ont jamais été reconstruites. Le Hamas sera certainement affaibli, mais ces destructions menacent la possibilité même d'un État palestinien, non seulement à Gaza, mais même en Cisjordanie. Heureusement Salam Fayyad réalise un magnifique travail pour reconstruire les institutions et l'économie, malgré les difficultés liées à l'occupation.
Reste que l'objectif est peut-être d'affaiblir tout partenaire palestinien. Pendant très longtemps, Israël a refusé d'avoir un interlocuteur palestinien : on a vu comment Arafat a été écarté après la mort de Itzhak Rabin ou après Camp David. Voilà qu'avec Mahmoud Abbas, on a un homme de paix, l'ingénieur d'Oslo, avec pour seul objectif la paix entre les deux États, et qui peut dire qu'il a tout mis en oeuvre pour y parvenir.
C'est d'autant plus triste que le Hamas lui-même a évolué, en acceptant l'accord de La Mecque et la participation à un gouvernement d'union nationale. Auparavant, il avait accepté le « plan des prisonniers » établi par les détenus politiques palestiniens, qui préconise l'établissement d'un État palestinien dans les frontières de 1967, faisant de l'OLP le seul représentant du peuple palestinien et donnant à Mahmoud Abbas mandat de conduire les négociations. C'était là des pas importants, qui prouvent que le Hamas a mûri politiquement depuis sa victoire aux élections, dont il a été le premier surpris.