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Intervention de Michel Voisin

Réunion du 21 octobre 2008 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Voisin :

D'après ce que j'ai entendu dire, il y aurait des lacunes de liaison entre les équipages et les hommes au sol.

Général Stéphane Abrial, chef d'état-major de l'armée de l'air. Je ne sais pas s'il y a des lacunes, mais nous sommes en phase de progrès. Nous apprenons en opérant. Il n'y a pas de difficulté dans les liaisons radio, ni dans la transmission d'images fixes. En revanche, s'agissant des appareils français, il y a des difficultés en matière de transmission vidéo. La possession d'images vidéo en temps réel est totalement nouvelle sur les théâtres d'opération. Pour nous, c'était inenvisageable il y a seulement un an. Les Américains sont en avance sur nous en ce domaine, et, même si les refus sont exceptionnels, certaines forces au sol américaines n'acceptent l'engagement d'avions que s'ils sont équipés de vidéo. En tout cas, l'absence de vidéo ne doit pas empêcher d'apporter un soutien aux forces au sol. Le système français, basé sur des photos, présente l'inconvénient de ne pas fournir d'images mobiles mais a l'avantage de permettre l'échange entre le pilote et l'équipe au sol d'images parfaitement renseignées : tout est dessiné et on connaît exactement la situation tactique. On peut, en outre, extraire des coordonnées de ces photos. Cela étant, les deux systèmes sont compatibles. Nous sommes en train d'acquérir quelques systèmes de transmission vidéo et, en parallèle, les Américains essaient de voir comment ils pourraient intégrer nos systèmes qui apportent autre chose.

Oui, les réductions de format auront des conséquences sur les effectifs des écoles militaires. Jusqu'à l'année dernière, l'armée de l'air recrutait 3 500 personnes par an, ce qui ne sera plus le cas. Pour ma part, j'estime impératif de ne pas descendre en dessous d'un seuil de 2 000 personnes, afin de ne pas obérer la pyramide des âges ainsi que les équilibres entre les spécialités ou les grades. Bien entendu, la réduction des effectifs de l'armée de l'air aura des conséquences sur le nombre des élèves entrant dans les écoles, mais cette réduction jouera principalement sur le recrutement des militaires du rang et des sous-officiers. La baisse sera plus faible pour les officiers car nous avons un besoin croissant d'officiers supérieurs, si possible brevetés d'état-major, pour faire face à l'accroissement du nombre des postes en interarmées, en interministériel et à l'international.

Pour la surveillance sur le théâtre, la gamme des drones va du satellite jusqu'au drone de sac à dos – ou drone de poche –, avec, au milieu de tout cela, l'avion de reconnaissance. On distingue quatre grands groupes.

Il y a tout d'abord le drone stratégique de très haute altitude, que les Américains sont les seuls à posséder. L'Allemagne envisage d'en acheter, tandis que la France estime que le couple satelliteavion lui permet de s'en affranchir.

Ensuite il y a les drones MALE – moyenne altitude, longue endurance – comme le SIDM, dont l'armée de l'air a la responsabilité. Pour les Américains, c'est le Predator.

On passe au drone tactique comme le SDTI – système de drone tactique intérimaire – qui est mis en oeuvre par l'armée de terre et qui est fabriqué par Safran-Sagem. Dénommé Sperwer, ce système a été déployé au Kosovo et est en cours de déploiement en Afghanistan.

Enfin, il existe des mini-drones, dont le plus connu est le DRAC, qui est lancé à la main par un soldat au sol.

Plus le drone est important, plus il va loin, vole longtemps et emporte de capteurs. Le SIDM peut rester en vol près de vingt-quatre heures, opérer à 1 000 kilomètres et emporter des capteurs optiques, infrarouges, radar. Il présente l'énorme avantage de pouvoir être équipé de communications satellitaires, ce qui est indispensable en environnement montagneux. Les catégories plus légères, comme le SDTI, n'emportent que des moyens de communication à portée visuelle. Le drone doit alors rester proche de sa base ou monter suffisamment haut pour rester en portée radio.

Le drone a été conçu à des fins d'observation mais on a vite essayé de l'équiper d'armements. Toutes les armées du monde travaillent à cette possibilité. Ainsi, le Predator B a la même capacité d'emport d'armement qu'un avion de combat A10, le fameux tueur de char. L'évolution n'a pas pris plus de cinq ans alors qu'il a fallu un siècle à l'aéronautique pour évoluer. En ce moment, les Américains disposent de 120 Predator, l'équivalent des SIDM, qui « tournent » en permanence sur 34 orbites actives au-dessus de l'Irak et de l'Afghanistan. Chaque orbite nécessite un, deux, voire trois drones.

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