Le théâtre afghan a mis en évidence l'importance des drones. Pourriez-vous détailler les différents systèmes de drones dont nous disposons d'ores et déjà ? Nos industriels seront-ils capables de répondre aux besoins immédiats de nos armées sur les théâtres d'opérations extérieures ?
Général Stéphane Abrial, chef d'état-major de l'armée de l'air. Je m'inscris en faux contre ce qui a été dit ou écrit à propos des tirs fratricides. Il n'y en a pas eu le 18 août dernier. En revanche, et ce n'est pas surprenant, il y a eu perception de tirs fratricides : quand on est caché derrière un rocher, sous le feu de l'ennemi, que l'on entend le sifflement des obus de 30 millimètres tirés par l'avion qui survole et qu'on les voit éclater cinquante mètres plus loin, on a l'impression qu'ils auraient pu vous toucher. Mais ce n'a pas été le cas : les pilotes américains savaient ce qu'ils faisaient. Le meilleur moyen d'éviter les tirs fratricides, ce sont les règles d'engagement : elles sont extrêmement précises et imposent au pilote de valider tout l'environnement de l'affrontement sur lequel on lui a demandé d'intervenir. La procédure est toujours du même type : les troupes engagées au sol font une demande de soutien aérien qui est transmise suivant toute la chaîne opérationnelle jusqu'aux organes de décision, lesquels affectent les appareils les plus aptes en fonction de la distance à parcourir, du carburant nécessaire et des munitions embarquées. À partir de là, s'établit un dialogue très serré entre ceux qui sont au sol et l'équipage en vol afin de déterminer avec exactitude où se trouvent les troupes ennemies, les troupes amies, les habitations, entre autres.
Afin d'être optimisé, ce dialogue s'appuie sur la présence d'équipes interarmées de contrôle avancé intégrées aux troupes au sol : formées d'aviateurs placés sous l'autorité du commandant des troupes au sol, elles sont composées d'un officier, de deux ou trois sous-officiers et de deux soldats chargés de protéger le groupe. Ces hommes sont chargés de s'assurer que la vision de l'affrontement est la même au sol et en l'air. Les équipages en vol ont tous une liste extrêmement contraignante de règles d'engagement qui définissent les conditions dans lesquelles ils peuvent tirer : ce n'est que quand toutes les conditions requises sont réunies que les équipages peuvent ouvrir le feu de manière à éviter les dommages collatéraux et les tirs fratricides.