Nous sommes tous d'accord sur l'intérêt des trois leviers : fiscalité verte, aide à l'investissement et réglementation. Mais j'ai le sentiment que c'est le dosage entre les trois qui est difficile à trouver. Si l'on donne le sentiment qu'il y a trop de réglementation, que l'on empile règles sur règles, personne ne va y satisfaire. Il faut que ces règles apparaissent comme des opportunités plutôt que des contraintes.
S'agissant de la R&D verte, il me semble qu'avec toutes les réorganisations qui ont été réalisées depuis trois ou quatre ans – je pense notamment à la création d'agences de moyens, concernant aussi bien le stockage du CO2 avec le CIFP, que la biomasse, le stockage de l'énergie, la recherche sur le solaire, ou le photovoltaïque avec le CEA – on a atteint une masse critique qui est très prometteuse. Les moyens existaient, mais de façon dispersés, et ils ont été regroupés. S'agissant plus précisément du photovoltaïque, on a créé à Chambéry l'institut UDS, qui fonctionne extrêmement bien et mène des expérimentations un peu partout.
S'agissant du télétravail, dont nous avons une certaine expérience, je serai d'une extrême prudence. Autant le bilan carbone du télétravail est exceptionnel, autant ses dégâts sociaux peuvent être terribles – pour des raisons d'isolement. L'affaire est très complexe.
Un de vos collègues est intervenu à propos des bâtiments. C'est la question la plus importante. Si je suis les recommandations de la circulaire du Premier ministre, sortie il y a deux mois, ou je continue à faire de la recherche et je respecte la loi, ou j'arrête et je peux faire du bâtiment. Mais si je fais de la recherche, je suis hors des clous à 90 %, et pour les quarante ans qui viennent. La question des patrimoines, des bâtiments, des thermographies et de l'évaluation est énorme et cela va poser des problèmes de fiscalité et de calculs d'amortissement. Le sujet est très difficile.
Enfin, dans nos centres, nous menons d'assez nombreuses expérimentations sur la restauration. Ma conclusion est que je ne recours pas au « bio » avant 2012, parce qu'il n'y a pas de circuits et qu'il revient très cher. En revanche, nous sommes en train d'installer les circuits les plus courts possibles, avec des producteurs se trouvant dans un rayon de 15 kilomètres.