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Intervention de général d'armée Elrick Irastorza

Réunion du 15 octobre 2008 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général d'armée Elrick Irastorza :

La question reste de savoir si l'ambiance est au calme parce que la France est là ou si le calme justifie qu'elle puisse s'en aller. Cette appréciation relève des autorités politiques.

La politique d'emploi et de gestion des parcs, parfois décriée, permet de mettre très rapidement sous cocon un certain nombre de chars. Dans les régiments, un à deux escadrons sont conservés au titre de la préparation opérationnelle courante tandis que d'autres sont positionnés sur les camps pour l'entraînement. Mais les unités peuvent être engagées en opérations à partir des parcs d'alerte.

S'agissant des effets d'uniforme, j'ai pris, il y a deux ans, la décision d'arrêter la production des brodequins de marche à jambière attenante, les rangers. Nos forces doivent être dotées de chaussures adaptées à leurs missions. J'ai également décidé que les dotations se feraient désormais en fonction des affectations. À cette fin, le système d'achat par carte a été verrouillé. De même le remplacement du manteau et de l'imperméable par un trois-quart a été abandonné. Enfin, les militaires du rang ayant des carrières très courtes, la question de certaines tenues se pose : percevoir une tenue de sortie dont on aura l'usage une fois par an n'est peut-être pas indispensable. En revanche, les soldats sont très attentifs à être bien équipés pour partir en opération. Des économies ont été réalisées sur ce plan : le camouflage du tricot de corps coûtait par exemple 800 000 euros par an. Quant à la réalisation du treillis FELIN par un industriel étranger, elle semble rencontrer quelques difficultés. En revanche, il n'y a aucun problème pour le treillis T3 en coton qui est fabriqué par une entreprise française.

Responsable du recrutement de 2000 à 2002, je connais les difficultés et la complexité de ce métier. L'armée de terre est composée à 72 % de contractuels. Tous les militaires du rang sont contractuels. 60 % d'entre eux ont le BEP ou le CAP, 20 % n'ont aucun diplôme et 20 % ont un niveau supérieur au BEP ou au CAP. Le recrutement reste fragile et il est soumis aux aléas de la conjoncture.

Le drame de cet été en Afghanistan n'a pas influencé sensiblement le niveau de recrutement. Il semble néanmoins que certains jeunes renoncent au dernier moment à s'engager, souvent sous l'influence de leurs parents. À l'inverse, les jeunes qui s'engagent avec la volonté de partir en opérations et qui ne partent pas, le prennent mal.

La physionomie de l'armée de terre a changé, en particulier pour ce qui concerne le recrutement des officiers : elle ne dispose plus des aspirants du contingent, qui constituaient une ressource de très grande qualité. Aujourd'hui, les officiers de qualité ne peuvent être que des officiers de recrutement direct. S'agissant du recrutement semi-direct, il est de plus en plus difficile de trouver de jeunes sergents qui veulent préparer l'école militaire interarmes (EMIA) ; les effectifs de cette école ne cessent de chuter. Le volume des officiers bien formés diminue et ne peut pas être compensé par une montée en puissance des officiers contractuels, qui n'ont ni la même formation ni le même état d'esprit initial.

L'encadrement des unités de combat doit comporter au moins pour moitié des officiers de carrière. Avec 80 régiments, nous devons pouvoir disposer annuellement de 125 Saint-Cyriens, dont nous ferons, selon des règles connues, 75 à 80 colonels et 25 officiers généraux, sachant que l'armée de terre va, d'ici à 2014, réduire de 30 le nombre de ses officiers généraux.

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