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Intervention de général d'armée Elrick Irastorza

Réunion du 15 octobre 2008 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général d'armée Elrick Irastorza :

Le chef d'état-major de l'armée de terre est un fournisseur de moyens entraînés et équipés pour le chef d'état-major des armées. Même si je n'ai pas à me prononcer sur l'opportunité et le nombre des opérations, j'ai demandé la suppression, le plus rapidement possible, d'un certain nombre de missions de courte durée, de souveraineté et de présence. Cela allégera les coûts et me donnera un peu de souplesse pour la planification. En fonction de l'évolution des situations, il faudra par la suite procéder à d'autres allégements. En Côte-d'Ivoire, en réduisant et en ramassant le dispositif en place, nous avons réduit la « surdispersion » caractérisée par des élongations considérables et des missions très compliquées, notamment pour les hélicoptères. Pour les autres opérations, l'évolution du dispositif dépend de l'ONU et de l'implication de l'Union européenne.

Je n'ai de cesse de dire à l'ensemble de l'armée de terre que, tout au long du processus de réduction des effectifs, j'aurai besoin de tous les personnels pour assumer le plan de charge. Certains régiments seront dissous alors même que des militaires en relevant seront en opérations extérieures. En tout cas, il faut faire baisser la pression sur les opérations pour faciliter la conduite du changement. Un régiment dont la dissolution a été prononcée restera debout jusqu'au bout.

L'approche globale requiert deux conditions : une supériorité militaire et une volonté de chacune des parties de vouloir sortir de la crise. Or, cette volonté n'est pas toujours partagée : en Afghanistan, par exemple, une partie des citoyens ne veut pas de cette globalisation, ne veut pas que les populations soient soignées, que des écoles soient construites ou que des pompes soient installées. Nous sommes donc par exemple obligés d'insérer nos actions civilo-militaires dans le cadre de nos opérations militaires.

En ce qui concerne l'externalisation, l'opération la plus emblématique est celle de Dax. Nous pensons qu'elle aura les effets attendus. Toutefois, il faut une contrepartie car l'externalisation coûte cher. Actuellement, la réduction complémentaire de 16 000 hommes prévue au titre de l'externalisation est hors du schéma de déflation. Si l'on veut avancer dans cette voie, il faut que l'externalisation soit financée prioritairement grâce aux gains de masse salariale.

Le problème de l'externalisation, c'est la rigidification des contrats. L'armée de terre a passé des contrats similaires à des contrats d'externalisation, par exemple, pour le soutien post-production du char Leclerc ou, avec Renault trucks, pour la fourniture à cinq jours de pièces de camions. Ces contrats ont un coût et, avec le temps, ils deviennent un élément fixe du budget de l'armée de terre. Arrivera le jour où il faudra les renouveler et lancer de nouveaux appels d'offre : que se passera-t-il si les entreprises qui sont capables d'assurer les services fournis jusqu'alors ne sont plus candidates ? La politique d'externalisation doit donc être conduite dans des métiers sans spécificité militaire et elle doit être menée avec une attention particulière.

Compte tenu de sa puissance de feu, le char Leclerc est une arme dissuasive au plan militaire et au plan politique. Il a aussi un coût : j'ai donc demandé que son usage soit limité au strict nécessaire ; si une patrouille peut être assurée avec un seul char, il n'est pas nécessaire d'en envoyer trois. Cette année, l'armée de terre dispose de crédits pour 14000 heures de fonctionnement moteur pour 140 chars Leclerc ; soit 100 heures par an et par char, soit dix heures par mois ou deux heures par semaine. Ce coût horaire de fonctionnement n'évoluera pas : on peut espérer disposer au mieux de 26 000 heures pour 255 chars, y compris ceux des écoles.

J'ajoute que les chars Leclerc qui sont en opérations extérieures consomment le potentiel des chars Leclerc qui restent sur le territoire national. De plus, il faut savoir que, quand on engage un matériel, celui-ci tombe en panne : statistiquement, un char Leclerc, qui est un système d'armes très complexe, tombe en panne au bout de 36 heures de fonctionnement.

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