FELIN est un système complexe, ce qui ne signifie pas compliqué. Pour son évaluation, le bon sens des soldats apporte une partie des réponses à nos interrogations. Lorsqu'on leur demande s'ils envisageraient de ne pas en être dotés, face à des adversaires qui en seraient équipés, leur réponse est négative ; c'est déjà un élément de réponse. Le fusil FAMAS FELIN est une meilleure arme que le FAMAS classique. Le système d'optique intégrée est excellent et il remplace plusieurs systèmes actuellement utilisés. Le système de protection FELIN est très couvrant, et assure, par le biais de plaques amovibles, une protection de niveau quatre sur l'avant de la cage thoracique, de niveau trois sur l'arrière, et une protection pare-éclats sur les côtés. Tout système de protection est un compromis entre la surface couverte et l'épaisseur de la protection. Le gilet pare-balles américain Paraclet, dont disposent les forces spéciales et nos bataillons en Kapisa, assure une protection de niveau quatre, mais il est moins couvrant et plus lourd que celui que nous utilisons actuellement.
S'agissant du système de liaisons intégrées de FELIN, il faut être particulièrement exigeant envers l'industriel. Il en va de même des moyens de vision nocturne. La lunette initialement proposée était tout juste équivalente à notre actuelle OB70, ce qui était inacceptable. Nous avons obtenu de l'industriel qu'il intègre un modèle plus performant.
Je regrette aussi que le programme FELIN ait suscité des doutes chez nos soldats pour des raisons d'ordre vestimentaire, tenant à la fois à la coupe des treillis ou à la qualité des chaussures fournies. De son côté, l'armée de terre a fait réaliser un treillis taillé comme elle le souhaitait et que j'appelle le treillis T3 qui n'est pas tout à fait le treillis FELIN, et que nous mettons en place en Afghanistan à la satisfaction générale. En conclusion, FELIN est un système dont l'armée de terre a besoin, et elle en conduira l'évaluation technico-opérationnelle à son terme, sans concessions, comme nous l'avons fait jusqu'à présent.
En matière de numérisation, nous sommes aujourd'hui dans une logique de moyens comptés. Il faut bien distinguer les moyens de télécommunications comme par exemple les satellites, qui seront toujours nécessaires, des moyens à terre qui permettent d'échanger à la voix, ou par transmissions de données. Cela dit, dans le cadre de la gestion globale des crises, nous sommes obligés de préserver les moyens civils de communication. Or, aujourd'hui, un téléphone portable permet à un ennemi installé dans la vallée de la Kapisa de transmettre à un camarade installé en embuscade dix kilomètres plus loin des photos d'un convoi. Les systèmes civils aux infrastructures lourdes fournissent des services d'une qualité quasiment meilleure que celle que peut fournir la numérisation à laquelle nous aspirons et qui doit relever d'un système autonome. Nous devons pouvoir fournir aux chefs sur le terrain des cartes renseignées avec la position des amis et des ennemis ou des photos en temps réel. Les forces spéciales bénéficient actuellement d'un tel dispositif, mais il sera bientôt banal de l'utiliser. Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins en ce domaine : soit nous suivons les armées qui comptent et qui développent ce type de technologie, soit nous devenons une infanterie de supplétifs. Comme nous en avons fait l'expérience en Côte-d'Ivoire, avec des moyens comptés, nous pouvons occuper plus de terrain et dans de meilleures conditions opérationnelles.
Si nous renonçons à cette technologie, nous n'aurons plus le même modèle d'armée de terre, avec les conséquences qui en découleront en matière de recrutement : nous n'attireront plus les jeunes qui sont particulièrement sensibles à la qualité de l'équipement et aux nouvelles technologies avec lesquelles ils ont grandi.
Vous dites que je suis satisfait du budget. Je lis les journaux, je connais la situation du pays : comment pourrais-je demander 100 millions supplémentaires ? Je suis responsable. Nous n'aurons pas l'armée de nos rêves mais celle de nos moyens, des moyens qui sont adaptés aux missions qu'on lui donne.
En ce qui concerne les mesures d'accompagnement, je rappelle que le pécule est versé en deux fois, deux tiers au moment du départ, puis un tiers un an plus tard au moment où l'ancien militaire retrouve un emploi. Compte tenu de la situation économique actuelle, il y a de réelles inquiétudes sur la possibilité de toucher ce dernier tiers. Le dispositif devrait être arrimé à la prochaine loi de programmation militaire, de façon à ce que, dès le début de l'année prochaine, les armées puissent disposer d'éléments tangibles pour amorcer la gestion 2009