estime que les recherches, lorsqu'elles atteignent le niveau d'excellence, peuvent être bien utilisées par de grands groupes industriels, mais que l'émergence de PME innovantes est tout aussi cruciale. À cet égard, un effort de pédagogie économique s'impose pour faire comprendre aux chercheurs que l'existence d'un marché ne suffit pas pour assurer le succès : si les entreprises japonaises et américaines de pointe ont pris dix ans d'avance et disposent déjà d'un réseau commercial, leurs concurrentes françaises n'ont aucune chance de gagner.
Les incubateurs peuvent constituer un lieu de liaison utile mais il faut surtout renforcer les analyses de marché. Dans les grandes universités américaines, certains patrons de laboratoire suivent cet aspect de très près. Quant au NEDO, il élabore des cartes de situation, dans lesquelles sont régulièrement réévaluées les positions concurrentielles des technologies. OSEO devrait prendre ce genre d'initiatives. Il n'en demeure pas moins que les laboratoires de haute qualité scientifique sont la meilleure voie pour engager des partenariats avec les entreprises.
Le problème est non pas le recentrage du dispositif de soutien sur les entreprises moyennes, mais la disparition de projets qui ne peuvent être portés que par des programmes de grande ampleur. Les pouvoirs publics actuels ne devraient pas compter sur le crédit d'impôt recherche pour remplacer l'action de l'AII, qui finançait des programmes, par exemple, à hauteur de 40 millions d'euros. En effet, rien n'empêche que les entreprises bénéficiant du crédit d'impôt recherche assurent la phase de développement et de la production dans un autre pays ! Le crédit d'impôt recherche indifférencié, contrairement à l'AII, n'apportera aucune aide spécifique à la prise de risque. Les aides ciblées sont assimilées à la politique industrielle, c'est-à-dire à un retour au passé ; c'est pourtant le mode d'action efficient car le soutien de l'État aux grandes entreprises n'est justifié que quand il incite à la prise de risque. Il serait utile que la représentation nationale veille à ce que la nouvelle structure OSEO maintienne quelques programmes de dimension significative, dans des secteurs sensibles, quitte à opérer une sélection plus draconienne ; sinon, la France perdra la bataille des projets ambitieux, notamment vis-à-vis de l'Allemagne.