a observé que le Livret A était davantage qu'un produit au regard de ses fonctions d'inclusion bancaire et de financement de missions d'intérêt général. Pour l'usager, ce qui en fait l'intérêt, c'est la simplicité. Ce ne serait plus le cas dès lors que l'on entrerait dans un dispositif où il faudrait faire des calculs pour voir où est son intérêt en fonction de la tranche fiscale dans laquelle on se situe.
Les statistiques sur le comportement d'épargne des détenteurs montrent que les gros livrets ne sont pas détenus par les ménages les plus aisés, mais par les plus âgés : parce que les épargnants ont confiance dans le produit, parce que le dépôt est très simple, ils déposent leurs liquidités, parfois d'un faible montant, mais tout au long d'une période de vingt ou trente années et cela finit par faire de gros livrets.
Certes, M. Balligand a jugé que les effets de la banalisation ne se feraient pas sentir à court terme, mais il faut prendre en considération le fait que près de 40 % des clients de la BNP, 38 % des clients du Crédit agricole, plus de 30 % des clients de la Société Générale et même plus de 20 % des clients du groupe HSBC ont un Livret A ou bleu. Dès lors que l'une de ces banques aurait la possibilité de distribuer le Livret A, elle proposerait immédiatement à ses clients d'en ouvrir un chez elle pour simplifier leurs opérations et les clients n'y verraient pas d'inconvénients. On pourrait donc assister, dès lors que la porte serait ouverte, à un transfert d'épargne extrêmement rapide des banques qui distribuent actuellement ces livrets vers les banques classiques. Cela pénaliserait beaucoup la Banque postale en particulier, avec un impact rapide sur le montant de son encours global et sur son niveau de commissionnement.