Lors de la réunion du 3 avril, j'ai en effet insisté sur la nécessité que ce mouvement d'actionnaires ne soit pas interprété comme un acte de défiance vis-à-vis d'EADS, et je l'assume totalement. Nous n'étions alors pas du tout au courant des difficultés de câblage d'Airbus mais cette remarque était motivée par des considérations financières : lorsque l'on vend deux paquets d'actions de 7,5 %, cela pèse sur le marché.
Je vais maintenant m'exprimer à titre personnel. EADS est un très beau groupe qui mérite de se développer. Il a un vrai avenir car la demande d'avions restera soutenue et il est impensable que le duopole mondial laisse la place à un monopole américain. Les professionnels d'EADS et d'Airbus sont de grands experts qui produisent des avions magnifiques. Si j'ai parlé de « phase agitée », c'est que le timing des dilutions n'a pas été optimal.
Premièrement, l'A350 n'était pas prévu au programme mais il a fallu fournir une réponse stratégique au fameux Dreamliner de Boeing ; le premier avion proposé par Airbus ne constituait pas un vrai saut qualitatif et il a fallu proposer un deuxième projet, dont le coût n'était plus de 4,5 milliards d'euros mais d'au moins 9 milliards. Airbus devait donc financer son effort de recherche. Deuxièmement, je pense que la parité entre le dollar et l'euro place Airbus et EADS face à un problème majeur qui risque de durer. Troisièmement, à ce stade, il existe un déséquilibre entre le secteur civil et le secteur défense, qui ne possède pas encore la taille critique.
J'ai par conséquent considéré qu'il était de mon devoir personnel, en tant que président, d'appeler l'attention sur le risque, même si, je le répète, personne n'avait le pouvoir de s'opposer aux choix stratégiques des groupes Lagardère et Daimler Chrysler.
J'ai été nommé en 1999, au moment de la création d'EADS, et mes mandats ont été renouvelés depuis. Je suis très fier de la confiance que l'État a bien voulu me témoigner, sur des dossiers si importants et difficiles. Mes mandats vont cependant arriver à leur terme puisqu'il a été décidé que la présidence de SOGEADE Gérance échouerait à M. Arnaud Lagardère, qui ne sera plus co-chairman du groupe après l'abandon de la bicéphalie du groupe.