a d'abord indiqué que si l'Agence ne s'est pas occupée de la défense antimissiles de l'Europe, c'est parce qu'elle est tournée, de par sa création, vers les actions en dehors de l'Europe dans le cadre de la PESD, plusieurs Etats membres estimant que la défense territoriale de l'Europe ne relève pas de son domaine mais de celui de l'OTAN.
S'agissant de la recherche et de la technologie, il est nécessaire de renforcer les synergies entre les États. C'est ainsi que six d'entre eux, intéressés par l'utilisation tant militaire que civile des technologies nouvelles en matière de radio et d'informatique, se sont joints pour investir dans le domaine des logiciels. Tel a été aussi le cas pour les drones et pour les avions de contrôle et de supervision.
Par ailleurs, avoir une vision à long terme, c'est comme élaborer un Livre blanc : il faut tenter de définir quels seront les défis dans les décennies à venir pour essayer de trouver les équipements ou les forces qui pourront correspondre à cet environnement futur. En matière de stratégie industrielle, par exemple, un cadre d'action a été approuvé par le dernier comité directeur, lundi dernier.
Pour ce qui est des capacités militaires et de l'identification des priorités, les progrès sont un peu plus lents, mais la démarche du plan de développement des capacités doit aboutir à l'été prochain. Cependant, si les débats entre vingt-quatre pays sont toujours intéressants, peut-être convient-il, si l'on veut réaliser des progrès, d'adopter une action à géométrie variable. C'est ce qu'a connu l'Agence avec le code de conduite, qui a été approuvé par vingt-deux pays, de même qu'avec le programme d'investissements conjoints en matière de recherche et de technologie, qui a été signé par dix-neuf pays, ou encore avec les logiciels, domaine qui a réuni six pays, tandis que d'autres équipements regroupaient cinq voire trois pays. La coopération entre des structures permanentes au sein d'un noyau dur de pionniers, si elle n'est pas forcément nécessaire, permet d'aller plus vite et plus loin.
Il est cependant difficile de fixer des critères de participation à un tel noyau dur. Doit-il s'agir des pays – la France, l'Allemagne, la Belgique et le Luxembourg – du sommet de la Défense à Bruxelles en 2003 ? De ceux de la Lettre d'intention ? Mais les Pays-Bas pourraient très bien estimer qu'en raison de leur potentiel industriel, ils doivent également faire partie de ce noyau dur. Faut-il plutôt une approche par rapport au pourcentage du PIB consacré à la défense ? La Grèce se retrouverait, dans ces conditions, en haut de la liste. Quant au critère du déploiement le plus important de troupes, l'Irlande serait le pays le plus concerné.
L'Europe élargie n'est plus, en tout cas, une Europe à deux, mais à plusieurs vitesses. Qu'il s'agisse des pays de l'espace Schengen ou d'autres, des groupes peuvent coopérer en matière de recherche et de technologie ou encore d'industrie, même si de tels regroupements sont plus complexes à mettre en oeuvre que ce que l'on imagine.