Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, on aurait pu intituler ce texte « Pauvre France, triste République ! ». Le débat d'aujourd'hui montre à quel point nous sommes loin, dans cet hémicycle, d'une analyse pertinente de la situation dans les DOM. C'est l'avenir de la République qui se joue dans ces territoires. Les mots qui forment la devise de notre pays n'y sont parfois présents qu'au fronton des écoles et des mairies : dans les faits, on y trouve bien peu de liberté, d'égalité et de fraternité.
Corse d'origine, j'habite en banlieue depuis ma naissance et les sujets que nous évoquons aujourd'hui ne me sont pas étrangers, dans la mesure où ils font écho à des aspects de ma vie personnelle et de ma vie d'élu. Il existe en différents points de notre République des territoires oubliés, que nous cherchons constamment à sortir de leur relégation. Les DOM-TOM en font partie. Certes, des avancées y ont été réalisées, mais le retard accumulé est considérable et il n'est pas toujours facile d'admettre que nous avons à réparer les erreurs historiques que nous avons commises : si la situation économique de l'outre-mer est aussi grave, c'est bien parce que la France y a mis en oeuvre des politiques catastrophiques.
Monsieur le secrétaire d'État, vous êtes un trop fin connaisseur des zones franches pour penser qu'elles constituent un outil efficace de développement économique. L'application de ce dispositif dans les banlieues nous a montré qu'il pouvait, certes, sauver les entreprises existantes et même créer quelques emplois. Mais si les zones franches constituaient la panacée en matière de développement, elles devraient, dix ans après leur création, en avoir apporté la preuve, et les banlieues ne devraient pas se trouver aujourd'hui dans une telle situation : on y compte toujours trois fois plus de chômeurs qu'ailleurs et l'essor économique y est toujours moindre.
Malgré les millions, pour ne pas dire les milliards d'euros injectés depuis des années, nous n'avons pas réussi à régler le problème de la continuité territoriale. Si les efforts consentis par l'État ont permis à certaines grandes entreprises de transport de gagner beaucoup d'argent, les populations n'en ont guère profité en termes de mobilité.
Pour ce qui est du logement – Jean-Yves Le Bouillonnec y reviendra dans un instant –, chacun sait désormais qu'une politique de défiscalisation ne suffit pas à satisfaire les besoins. Pourquoi l'État n'a-t-il pas, compte tenu de la gravité de la situation, pris la décision de construire lui-même des logements sociaux en nombre suffisant ? On aurait pu imaginer un ANRU exceptionnel pour les départements et territoires d'outre-mer, afin de rattraper le retard historique qui les affecte.