Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, en préambule, je dois vous dire que la Réunion est frappée en ce moment par de fortes pluies. Aux Réunionnais, mes compatriotes, j'adresse ma sympathie, aux habitants des communes de la Petite-Île et de Saint-Joseph, ma compassion, à notre collèguePatrick Lebreton, député-maire de Saint-Joseph, ici présent, ma solidarité. Monsieur le secrétaire d'État, devant les nombreuses inondations qui ont touché maisons et commerces, devant la détresse des familles – plus de trente-cinq personnes sont hébergées dans les centres ouverts par la mairie de Saint-Joseph –, je vous demande de mettre en oeuvre des mesures d'urgence pour ces deux communes les plus atteintes. Je compte sur vous et je vous en remercie par avance.
L'examen de ce projet de loi pour le développement économique des outre-mer nous donne, une fois de plus, l'occasion de porter un regard pertinent sur la situation de nos régions ultramarines.
Ce texte traduit aujourd'hui les engagements pris par le Président de la République en 2007, mais la situation, elle, n'est plus la même. Notre devoir de parlementaires est de nous adapter et d'apporter des solutions aux attentes de nos concitoyens. La crise sociale que traversent les départements d'outre-mer montre bien le mal-être de nos populations les plus fragiles ; et, face à une crise sociale, nous devons apporter des réponses sociales. Si ce projet apporte une partie des réponses, nous attendons beaucoup des états généraux de l'outre-mer. Parallèlement, la crise économique et financière mondiale que nous subissons nous montre bien la fragilité et l'interdépendance des économies.
Mais la crise a ceci de bien qu'elle nous révèle de façon indiscutable nos faiblesses, nos incohérences et nos insuffisances.
La crise nous permet ainsi d'apporter, avec intelligence et dans l'urgence, des solutions nouvelles de rupture.
La crise nous révèle également notre résistance dans la tourmente. La Réunion ne s'est pas effondrée économiquement et socialement. Pourquoi ? Parce qu'existe le courage des hommes et des femmes qui vivent en permanence face aux périls du volcan, des tempêtes tropicales et de l'isolement. Parce qu'existent les réflexes créoles de générosité et de solidarité envers les plus démunis. Parce qu'existe un modèle réunionnais de coexistence d'hommes, de cultures, de croyances et de couleurs différentes dans la République.
La Réunion, département français, est soumise aux lois de la République. La Réunion, île du lointain, est également soumise aux lois de la géographie et de l'histoire. Elle est nichée à 11 000 kilomètres de Paris, dans un autre hémisphère, dans un autre monde, celui du Capricorne. Elle possède d'autres repères sociogéographiques et d'autres proximités socioculturelles : l'Inde, la Chine, l'Afrique, Madagascar, Maurice, les Seychelles, l'Australie, et les terres froides françaises australes dont peu connaissent les noms – Saint-Paul, Crozet, Amsterdam et Kerguelen. Il faut reconnaître et respecter les lois de la géographie : la distance, l'éloignement et l'insularité.
Nous avons une histoire différente de celles des autres espaces de la République, dans sa réalité et dans son ressenti. Dans l'océan Indien, des hommes et des femmes se disent : nous sommes Créoles, nous sommes Français nous sommes Européens.