Les derniers chiffres du chômage, en dépit de la modification des critères, sont venus assombrir une situation déjà fort difficile.
L'emploi demeure la priorité des Réunionnais, le chômage est la hantise de toutes les familles, le diplôme n'est plus un sauf-conduit.
Vous comprendrez donc qu'il est difficile d'accepter qu'aucune mesure directe en faveur de l'emploi ne figure dans ce texte.
Le dispositif de soutien aux jeunes diplômés est supprimé au motif qu'il ne rencontre pas le succès escompté. Il y a quelques années, le programme emplois-jeunes, auquel des milliers de Réunionnais avaient souscrit, a été, lui, supprimé du fait de son succès. Il en a été de même pour le congé-solidarité qui, lui, avait le tort de ne pas coïncider avec les objectifs nationaux sur les retraites. Reste le service militaire adapté, protégé par son ancienneté. Plébiscités ou sous-utilisés, les dispositifs pour les jeunes sont rayés de la carte. La jeunesse risque de commencer à se poser des questions.
La place étant vide, je vous propose, monsieur le secrétaire d'État, que le prochain texte sur l'outre-mer soit consacré à la jeunesse, de sorte qu'elle soit placée au centre des décisions politiques. Je vous propose de construire l'avenir avec l'avenir.
C'est pourquoi je ne défendrai pas au cours de ce débat d'amendements relatifs à la jeunesse. Ils seraient beaucoup trop périphériques. Je vous demande simplement de régler le sort des 1 500 assistants d'éducation dont les contrats arrivent à leur terme en juillet prochain. Il suffit pour cela de leur appliquer la loi de 2005, qui rend possible le renouvellement pour une durée indéterminée des contrats des agents ayant au moins six ans d'ancienneté.
Placer les jeunes au centre de nos décisions nous amènera nécessairement à aborder de façon différente la question de la continuité territoriale. Dans ce XXIe siècle nomade et mobile, il n'est plus possible de tolérer les obstacles qu'on ne cesse d'opposer à nos déplacements.
Certes, des communiqués de victoire claironnent des offres promotionnelles. Certes, le fonds de continuité territoriale prévu par ce texte se veut plus efficient. Mais tout cela ne constitue pas une politique de continuité territoriale pérenne et équitable.
Le Gouvernement mise beaucoup sur le marché pour régler la question, mais les mises en concurrence de nos dessertes se sont toujours terminées de la même manière : retour au quasi-monopole et prix élevés. Il est temps que le principe de la libre circulation ne soit plus pour nous un vain mot.
Cette obsession du sort de la jeunesse qui doit être la nôtre, je souhaite qu'elle nous conduise à lui proposer un cadre de vie de qualité. Le logement social, on le sait, représente une grande partie de ce que nous aurons à bâtir. Durant la prochaine décennie, la Réunion devra construire chaque année au moins 5 000 logements sociaux.
Ces logements dessineront le paysage urbain. Nous savons quels ravages a fait, dans d'autres générations, un habitat sinistrement fonctionnel. Les critères environnementaux et esthétiques devront être pris en considération. Nous voulons construire des logements durables. Nous voulons bâtir des villes qui réconcilient.
Pour conclure, un dernier mot sur les états généraux. Décidés au plus haut niveau de l'État et à l'occasion d'une crise exceptionnelle, ils suscitent naturellement de grands espoirs. Le jaillissement populaire qui s'est produit durant ces longues semaines doit être explicité, et non canalisé, encore moins détourné. Il s'agit de percevoir tout ce que cette expression populaire a eu de spécifique et d'inattendu, sans chercher à l'enfermer dans des schémas préconçus et des débats répétitifs : ni réduction ni extrapolation de la parole vivante. Nous avons là une splendide occasion de faire vivre la démocratie : ne la manquons pas ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)