La DCMD n'est aucunement concernée par le théâtre irakien, par contre nous sommes présents en Afghanistan en accompagnement de la formation de l'armée afghane.
Plus généralement, le débat concernant les priorités stratégiques de la coopération est avant tout politique, et c'est pour cela qu'il relève du Conseil de défense et de discussions politiques. Pour notre part, nous appliquons les orientations politiques qui nous ont été clairement données, même si, je l'avoue, nous avons entre nous des discussions sur ce sujet.
Compte tenu des enjeux, notamment de sécurité et de stabilité, propres au continent africain, il me semble nécessaire, à titre personnel, de ne pas l'abandonner tant qu'il ne disposera pas des outils de paix et de sécurité, même si cette coopération est une oeuvre de longue haleine.
Si l'on ne fait rien en Afrique, nous le paierons lourdement et pendant longtemps. Il faudra investir dans des missions opérationnelles multilatérales, avec des contributions au financement des opérations de maintien de la paix qui explosent déjà au Quai d'Orsay.
Des dispositifs préventifs sont essentiels dans des espaces fragilisés. Or, l'Afrique est un continent vraiment plus fragile que jamais. Il me semble donc que la priorité accordée à l'Afrique n'est pas si incohérente. Mais ce n'est qu'un avis personnel ; aujourd'hui, dans la conduite quotidienne de nos actions, je ne fais que mettre en oeuvre les orientations politiques qui me sont fixées et qui aujourd'hui sont claires.
Le champ de notre action s'est cependant bien ouvert : alors que l'ancienne mission militaire de coopération, qui représentait quasiment l'ensemble de notre intervention, était intégralement tournée vers l'Afrique, la part de cette dernière représente aujourd'hui 78 % des crédits.
Il faut également savoir que nous ne bénéficions pas partout du même retour sur investissement : notre action dans les pays africains s'inscrit dans une perspective longue de prévention, alors que le retour en termes d'influence est beaucoup plus rapide dans la « zone de défense ».
Pour ce qui est de la répartition de notre action, mon opinion, qui n'engage que moi, est que l'Afrique étant aux portes de l'Europe, nous n'échapperons pas aux défis sécuritaires monumentaux qui s'y jouent si nous ne les traitons pas par anticipation et sur place.
Cela étant, je n'oublie pas le reste du monde, qu'il s'agisse des pays émergents, de la zone de la Méditerranée ou l'Amérique latine que nous allons quitter bien qu'elle soit essentielle – mais c'est là un vrai débat de nature politique.
Toujours s'agissant de la répartition, les choses sont très claires, même si tout n'est pas parfait. Nous bénéficions d'ailleurs depuis 2003 d'instances de pilotage et de coordination. Il en va ainsi du comité d'orientation stratégique qui doit se réunir tous les ans, au niveau ministériel. La dernière réunion date de novembre 2006, et c'est à notre demande qu'il n'y en a pas eue en 2007, dans l'attente du Livre blanc. La prochaine devrait maintenant avoir lieu d'ici la fin de l'année. De même, un comité de pilotage réunissant l'état-major des armées et la DCMD se tient tous les trimestres afin de veiller en permanence à la cohérence des actions de coopération opérationnelle et structurelle.
Quant aux exportations d'armement, nous ne sommes absolument pas chargés de tout ce qui se déroule en amont des contrats. La mission que nous avons reçue est de mener une stratégie d'influence en formant des stagiaires de haut niveau.
Nous investissons sur des personnes. Si le résultat en termes de politiques générale, économique, financière, militaire ou d'armement est difficile à apprécier faute d'indicateurs précis, nous semons, sans pour autant être directement impliqués dans la récolte des contrats. Encore une fois, nous n'intervenons en la matière que dans le cadre d'une crédibilité étatique.
Sur le plan juridique en tout cas, la situation est claire. Les instances de coordination en place nous permettent de résoudre les éventuels problèmes d'imbrication.