Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Christiane Taubira

Réunion du 16 septembre 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristiane Taubira :

Je remercie l'ensemble des intervenants.

Nous travaillerons bien entendu sur cette question du délai de prescription mais je note, d'ores et déjà, que les arguments plaidant en faveur de la responsabilité législative en matière mémorielle sont de plus en plus prégnants, et c'est heureux. Il serait en effet étonnant que cette émanation du suffrage universel qu'est l'Assemblée nationale ne soit pas fondée à se saisir de ces problèmes ! C'est à elle de définir ce qui ne saurait être toléré ! Tout ne se vaut pas ! La République doit affirmer sa vérité éthique et philosophique !

Je note par ailleurs que si le corps social pratiquait en tout lieu une véritable mixité, nous ne serions pas confrontés à un certain nombre de tensions. Le prétendu « repli communautaire » n'est en fait qu'un regroupement de solidarités composites permettant d'affronter des injustices et des inégalités parfois institutionnelles : au sens sociologique et anthropologique, il ne me paraît pas possible de parler de communautarisme.

De la même manière, il faut faire un sort à la prétendue concurrence des mémoires qui obscurcit le véritable problème : la mise en lumière de pans entiers de l'histoire demeurés sous le boisseau. Seule une infime minorité instrumentalise l'histoire !

Nous avons besoin de vos contributions, Mesdames, Messieurs ! L'ensemble des auditions a montré combien le caractère contradictoire du débat est riche et porteur de sens. Mme Lefebvre a raison : le génocide et le crime contre l'humanité sont parfaitement définis – ce qui, certes, n'exclut pas les débats. Il est par ailleurs évident que les lois mémorielles n'ont jamais brimé la recherche mais qu'elles ont heureusement permis de sanctionner ceux qui, dans les établissements scolaires, se livrent au révisionnisme ou au négationnisme.

Monsieur Karam, vous êtes présent en tant que représentant institutionnel puisque vous êtes délégué interministériel à l'égalité des chances. Comme tel, je pensais que vous vous seriez interrogé sur l'absence du Comité pour la mémoire de l'esclavage (CPME) plutôt que de vous faire l'hagiographe d'une seule association. C'est en effet pas moins d'une cinquantaine d'associations qui a appelé à la marche du 23 mai 1998 ! Les ultras-marins, par ailleurs, ont eu raison de dire qu'ils disposaient déjà de dates de commémorations grâce aux combats menés dans les années 70 et 80 : les Martiniquais se reconnaissent dans le 22 mai, les Guadeloupéens dans le 27 mai, les Guyanais dans le 10 juin et les Réunionnais dans le 20 décembre. De la même manière, ils ont eu raison de se montrer vigilants quant au choix d'une date unique, même si la célébration nationale doit enfin entrer dans les moeurs – tel était d'ailleurs l'objectif de la loi de 2001. Enfin, les associations qui tentent de réduire ce combat aux seuls ultramarins méconnaissent que la traite négrière et l'esclavage concernent l'ensemble de l'humanité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion