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Intervention de David-Olivier Kaminsky

Réunion du 16 septembre 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

David-Olivier Kaminsky :

Je vous prie de bien vouloir excuser le président du CRIF, M. Prasquier, retenu à Bordeaux pour une cérémonie de commémoration.

Le terme de « concurrence des mémoires » me choque profondément. On ne peut considérer la mémoire comme une sorte d'exploit sportif dont on pourrait dégager des récurrences, des constances. Chaque mémoire, chaque souffrance est spécifique et chacun peut porter des voix différentes.

Je voudrais aussi réaffirmer la totale singularité de la Shoah sans pour autant que cela veuille dire qu'elle est remise en cause par d'autres revendications mémorielles. Notre société doit, au contraire, pouvoir faire cohabiter toutes les mémoires. L'idée que celles-ci devraient se percuter ou se dépasser les unes les autres est profondément négative. Il me semble que les députés doivent y réfléchir dans leur travail législatif.

La mémoire est au premier chef un vécu personnel et familial qui est transmis aux enfants, aux petits-enfants, etc. C'est lorsqu'elle interpelle l'universel qu'elle devient mémoire collective. Le devoir de mémoire doit être exercé sans complexe. On ne peut éprouver un sentiment de culpabilité à commémorer. Si l'on n'oublie pas, c'est, à titre personnel, pour les victimes, mais aussi pour la responsabilité nationale, pour que cette expérience historique douloureuse ne soit plus jamais rééditée. Le travail législatif sert donc parfois de garde-fou.

Mon père a été déporté. Cependant, ma mémoire familiale représente un vécu très privé. D'un autre côté, la mémoire de la Shoah est une mémoire mondiale. L'héritage de ce qu'a vécu mon père est donc aussi un héritage collectif. À chacun de le perpétuer, la première condition étant que les personnes qui ont vécu ces tragédies en parlent.

Je salue le magnifique travail d'historien accompli par Barbara Lefebvre ; néanmoins, avant d'opérer des comparaisons, il faut bien expliquer la réalité. On constate que certains élèves ont des lacunes considérables. La base est donc que chacun de nos jeunes concitoyens sachent bien ce qu'est la mémoire collective, que ce soit la mémoire des colonies, la mémoire de l'esclavage, la mémoire génocidaire ou la mémoire de la Shoah.

Pour ce qui est du travail historique, je conviens volontiers, Monsieur Vanneste, qu'il s'agit d'une science humaine, mais autant suivre la démarche la plus scientifique possible. C'est une condition, avec l'action des associations, les témoignages et l'écho médiatique qui en est fait, pour pérenniser une forme harmonieuse des mémoires.

On parle beaucoup des questions de couleur de peau et de religion mais la discrimination existe dès l'école maternelle sur des critères qui n'ont rien à voir avec le racisme et l'antisémitisme. Si le législateur a eu raison de poser des garde-fous, le travail de pacification suppose également que l'on accepte de se reconnaître les uns les autres.

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