Personne ne souhaite limiter la liberté des chercheurs et la loi Gayssot visait avant tout à lutter contre la haine raciste. C'est en ce sens que le législateur a jugé qu'il n'était pas possible de laisser dire n'importe quoi. Les productions de Robert Faurisson heurtaient profondément les descendants des victimes. Je n'ai pas le sentiment que cette loi ait été utilisée n'importe comment et qu'elle ait nuit aux historiens. La décision-cadre européenne, quant à elle, semble s'inscrire dans la même perspective : il s'agit de savoir si l'Europe veut on non disposer d'une politique de lutte contre les discriminations. Dans ce cas-là seulement il peut être opportun de restreindre la liberté, cette dernière consistant, je le rappelle, à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.
La question se pose aussi du respect de la mémoire des victimes qui n'ont pas eu la parole et dont le souvenir risque également d'être l'objet de falsifications. Le législateur doit s'inscrire en faux contre toutes ces tentatives.
Il me semble par ailleurs que l'on mélange des plans très différents. Ce n'est pas la même chose de s'interroger sur les dates, les commémorations et l'enseignement que de se préoccuper de savoir si l'on fait ou non la leçon au monde entier. En quoi serait-il critiquable d'avoir proposé des dates afin de commémorer l'esclavage et son abolition, par exemple le 27 avril et le 10 mai ? C'est notre « vivre ensemble » qui est en jeu !