Je respecte beaucoup les universitaires, mais si ces problèmes sont aussi disputés, c'est que des interrogations demeurent, fussent-elles polémiques. Il importe seulement de trouver des espaces de conciliation afin que l'on puisse décider tous ensemble. M. Pierre Nora a dirigé un ouvrage d'une immense qualité sur Les Lieux de mémoire. Or, je n'y ai rien trouvé sur la colonisation. J'ai même été consulter l'article consacré au café : pas un mot sur les colonies de plantation. Même chose dans l'article sur les frontières nord-sud, qui concerne la métropole, ou le régionalisme, qui se réfère à l'Alsace. L'enjeu ultime, c'est de comprendre la diversité du peuple français afin de maintenir la cohésion sociale et nationale. Cela passe par la prise en compte de ce que fut l'empire colonial français. J'ai confiance dans les universitaires et les historiens, quels que soient leurs partis pris et leur choix, mais je crois aussi que l'éducation nationale est le lieu cardinal où la nation projette sur les jeunes consciences les repères essentiels. Les enseignants sont capables de nourrir l'esprit critique et de susciter des débats. L'intelligence et la liberté se nourrissent d'interrogations permanentes.