Il faut distinguer le souvenir qu'ont les individus de tel ou tel événement et les décisions de la République sur telle ou telle date qui n'est plus fériée ou fêtée.
J'attire par ailleurs votre attention sur les variations de vocabulaire, lesquelles peuvent être parfois pernicieuses : je connais deux villes de France où sur les plaques en hommage à des résistants a été successivement gravé : « fusillés par les Allemands », puis, « fusillés par les nazis ». Construction européenne oblige : les Allemands n'ont plus fusillé personne. De même mon père, mutilé de la guerre de 14 et engagé dans la Résistance, n'a-t-il pas eu le sentiment de lutter contre le nazisme : il voulait chasser les Boches ! La Grande Guerre n'était finie que depuis vingt ans. De la même manière, si aujourd'hui la guerre de 14 est oubliée à Paris, il n'en va sans doute pas ainsi dans des petits villages de province où les noms inscrits sur les monuments aux morts parlent à tous. En la matière, il n'est pas possible de légiférer.
Si les pouvoirs publics ne peuvent influer sur l'idée que les citoyens se font de telle ou telle fête, ils peuvent en revanche en maintenir ou non l'idée.